Très certainement, le PS s’en serait bien passé. La sortie médiatique de Ségolène Royal, battant en brèche l’une des promesses de campagne de François Hollande, a ouvert la voie à un véritable feu nourri sur la politique gouvernementale. Alors que les socialistes sont en pleine "crise de conscience" opportuniste sur la question des migrants, la polémique autour de la fermeture de la centrale de Fessenheim s’amplifie sur les braises encore chaude des nombreux scandales entourant l’EPR de Flamanville. En faisant de l’ouverture de cet EPR la condition sine qua non de la fermeture du site de Fessenheim, Ségolène Royal a créé un malaise dans la majorité, tendant un peu plus encore les rapports avec les frondeurs, mais aussi et surtout avec EELV.
Le PS pris en tenaille entre tollé à sa gauche, et raillerie à sa droite.
Le démenti quasi immédiat de l’Elysée aux propos de la ministre de l’écologie n’aura fait que susciter et amplifier les déclarations à droite, Les Républicains en tête, trop heureux de l’aubaine offerte de fustiger la gouvernance PS. Le but de cette rectification éclair était plutôt d’éteindre l’incendie à gauche, en particulier du côté d’EELV. A moins de deux ans des élections présidentielles et à quelques semaines seulement des régionales, le PS cherche à détendre l’atmosphère pour se rapprocher de ses frondeurs et des écologistes. La tentative de calmer le jeu après la sortie de la ministre de l’écologie a échoué. Si les déclarations de Royal ont immédiatement mis le feu aux poudres, l’opération démenti n’a, pour l’instant que peu porté ses fruits, Yannick Jadot, député européen Les Verts, a tiré à boulets rouges sur Ségolène Royal en affirmant qu’elle « apparaît désormais comme la ministre du Renoncement durable" et que sa déclaration est "une faute politique très lourde". Alors que Mélenchon fait les yeux doux aux écologistes, rêvant de porter une alternative à la gauche du PS pour 2017, les socialistes se retrouvent donc bel et bien dans une nouvelle tourmente, et voient de plus en plus nettement l’éventualité d’une liste commune avec les verts s’évanouir.
Et maintenant ... la COP 21 !
La conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP 21), qui se déroulera à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015, devait être l’un des événements tremplin pour le gouvernement en vue des élections de 2017. Hélas pour lui, cette opportunité prend de plus en plus des airs de fiasco.
Evènement factice censé promouvoir la transition vers de nouvelles productions énergétiques, mais déjà largement décrié par tout un ensemble d’organisations de gauche, qui ont commencé à appeler à la mobilisation, il ne peut, après cette nouvelle polémique que tomber encore un peu plus dans le discrédit.
Le gouvernement se retrouve confronté à ses contradictions entre la politique profondément anti-sociale et anti-écologique qu’il mène et son discours de façade destiné à attirer un électorat préoccupé par les questions environnementales. La bévue de Ségolène Royale ne fait que les mettre en lumière : comment peut-on se faire le chantre de la transition énergétique quand on pose comme condition à la fermeture d’une centrale nucléaire ... la remise en état de marche d’une autre centrale nucléaire ?
Et la transition énergétique dans tout ça ?
La polémique autour de la fermeture du site de Fessenheim est un simple révélateur du cap politique que le PS tente de maintenir avec beaucoup de difficultés entre le lobby du nucléaire et la pression des écologistes. Elle ne fait que confirmer la nécessité de se mobiliser à large échelle, de la jeunesse aux militants écologistes en passant par les organisations du mouvement ouvrier pour défendre les intérêts à court et long terme des populations contre l’empire capitaliste de l’énergie.
10/09/15