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Plus que jamais, l’Europe forteresse

L’Autriche se met à l’heure des barrières

Tant que les migrants réfugiés étaient loin, chez les « barbares » et les « Européens de l'est », on pouvait depuis Berlin ou Vienne faire semblant de défendre des « valeurs humanistes », en « invitant » les migrants à venir. On condamnait même Viktor Orban, premier ministre hongrois, pour avoir fermé sa frontière avec la Serbie et construit une barrière barbelée de plusieurs kilomètres. Mais ça, c’était avant ; avant que les « envahisseurs » ne soient trop près. En dix jours seulement, 90.000 migrants sont arrivés en Slovénie et s’entassent à la frontière avec l’Autriche. L’heure est arrivée : Johanna Mikl-Leitner, ministre autrichienne de l’Intérieur, a annoncé qu’une barrière allait être érigée le long de la frontière avec la Slovénie.

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Officiellement, c’est pour « assurer une entrée ordonnée » des migrants en Autriche, et non pour fermer la frontière, que cette barrière serait construite. Après la restauration des contrôles à la frontière avec la Hongrie cet été, c’est sa frontière avec la Slovénie que l’Autriche « contrôle » maintenant.

On savait que les puissances impérialistes de l’UE ne voulaient pas voir se produire à leurs frontières ce que la terre entière a pu voir à la frontière serbo-hongroise, où la police hongroise réprimait les migrants et où ceux-ci résistaient. La pression exercée pour que l’arrière-cour de l’UE bloque la progression du flux migratoire visait à « réguler » l’arrivée de ces réfugiés en Allemagne, en Autriche et dans les autres pays riches du continent. On pariait secrètement sur la météo de plus en plus dure, avec des pluies et des vents glaciaux. Rien n’y fait. Il faut y faire face.

« Ces dernières semaines, des groupes de migrants se sont montrés plus impatients, agressifs et émotifs », poursuit la ministre de l’intérieur. Sa réponse ne diffère pas d’un iota de celle de « l’abominable » Viktor Orban. Et elle ne fait que révéler l’hypocrisie des déclarations « humanistes » des politiciens impérialistes. Qu’il s’agisse de ceux des partis de droite conservateurs, ou des sociaux-démocrates et libéraux, tous défendent la même politique xénophobe et raciste vis-à-vis des réfugiés, des migrants et des immigrés en général.

En attendant, les migrants et les réfugiés sont retenus à la frontière slovéno-autrichienne, dans des centres de rétention interdits aux visiteurs et aux médias. En cachette, un réfugié syrien confiait à une chaîne de télévision française qu’entre ce camp et la Syrie, il ne voyait pas la différence. La nuit, les températures sont très basses, descendant déjà jusqu’à 2°. Il est évident que si l’on continue comme ça, après les milliers de noyés, les dizaines et les centaines d’Aylan, l’Europe ouvrira le chapitre des morts de froid…

Un porte-parole du gouvernement allemand hausse le ton face à la mesure autrichienne : « nous ne croyons pas que le problème actuel des réfugiés, la crise des réfugiés qui concerne tout le monde en Europe, puisse être résolue par la construction de barrières ou de murs ». Mais déjà, à la frontière entre l’Allemagne et l’Autriche, se font entendre les critiques adressées au gouvernement autrichien qui laisserait passer « trop facilement » des migrants vers l’Allemagne. Dans la presse allemande, on appelle à mettre fin à cette crise au nom de la « crédibilité des Etats européens ». Et ce sans parler du mouvement xénophobe et raciste Pegida, ainsi que d’autres partis et groupes d’extrême droite et conservateurs, qui gagnent du terrain en Europe et tentent d’utiliser la crise humanitaire autour des migrants et des réfugiés pour capitaliser électoralement.

A chaque crise importante que l’UE a traversée ces dernières années, on a vu les tendances centrifuges et nationalistes se développer d’une façon ou d’une autre. Cette « crise migratoire », sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale sur le sol européen, ne fait pas exception : les frontières que l’on disait disparues depuis des années ont tout à coup ressurgi… les barbelés et les camps aussi. Après la frontière serbo-hongroise et maintenant celle entre la Slovénie et l’Autriche, combien de temps s’écoulera avant que l’on ne voit les barbelés apparaître entre l’Allemagne et l’Autriche ?


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