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La course à la précarité

La proposition du MEDEF : une « prime » pour « récompenser » la précarité

On croirait lire le Gorafi. Mais non, c'est bien le patron du MEDEF, Geoffroy Roux de Bézieux, qui a formulé une « proposition alternative » au bonus-malus sur les contrats courts : plutôt une « prime » pour « récompenser » la précarité.

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Les négociations sur l’assurance-chômage sont au point mort entre le patronat et les directions syndicales. En cause : le problème du recours, devenu quasi systématique, aux contrats courts par les entreprises. À tel point que la ministre du Travail elle-même, qu’on soupçonne peu d’être du côté des salariés, évoquait un « retour aux journaliers », tant ont explosé les CDD qui n’ont duré qu’une seule journée (ce qui est le cas de 20 % des CDD signés en 2017).

En effet, au cours de sa campagne, Emmanuel Macron avait fait de l’instauration d’un bonus-malus sur les contrats courts un cheval de bataille ; proposition aujourd’hui contestée par les principales organisations du patronat, le MEDEF en tête. Refusant tout compromis éventuel sur l’instauration d’un bonus-malus, le patronat a même quitté un temps les négociations pour protester contre cette proposition.

La réponse du MEDEF aux contrats courts ? Une « prime » pour « récompenser » la précarité. Ce sont les termes mêmes de Geoffroy Roux de Bézieux, qui détaille le plan qu’il envisage (à partir de 3:30 sur la vidéo), sur le plateau de France Inter le 14 février dernier : « Maintenant, nous, on fait une proposition alternative au bonus-malus dont on pense que c’est un destructeur d’emploi. Et ce qu’on propose c’est que les salariés qui enchaînent plusieurs contrats courts avec le même employeur et dans le même mois, se voient payer à partir d’un certain nombre de contrats courts, une prime, prime dite de précarité, qui serait payée par l’employeur et qui serait en quelque sorte la récompense financière de cette précarité, de cette flexibilité. »

Oui, on a bien entendu. Une « prime » à la précarité et à la flexibilité – et qui ne serait, de surcroît, versée qu’au bout de « plusieurs » contrats courts. De quoi faire de la précarité non plus un problème structurel, mais bien un mal (un défi, même, voire un « challenge »), que seuls les plus « courageux » oseront affronter (et qu’il faudra, en conséquence, récompenser), les autres, nécessairement des « profiteurs », voire des « assistés », devant être traqués. De quoi monter les précaires les uns contre les autres.

Et si c’est le gouvernement qui pourrait bien reprendre la main sur les questions d’assurance-chômage au cas où les négociations entre directions syndicales et patronats venaient à ne pas déboucher sur un accord, il ne faut pas s’y tromper : ce monde dans lequel la « précarité » serait récompensée est bien ce même monde vendu par Macron d’une ultra-précarité généralisée dans lequel il faudra « traverser la route » pour un travail (à court sûr précaire).


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