« Quand les éboueurs font grève, les orduriers sont indignés » aimait à dire Jacques Prévert. Une fois n’est pas coutume, en guise « d’orduriers » nous avons été servis. Face aux images de déchets qui s’accumulent dans les rues de Paris, députés macronistes, de droite, membres du gouvernement, bourgeois du 16ème arrondissement et éditocrates en tout genre ont d’abord cherché à se boucher le nez avant de multiplier les « indignations ».
Tout est bon pour casser la grève. Le ministre délégué aux Transports croit bon de dénoncer (il faut oser) le « mépris » des grévistes en direction des « Parisiens ». Le ministre des Comptes Publics, appelle à « prendre des mesures » contre la grève, y compris la « réquisition ». En boucle, sur les médias, on va même jusqu’à agiter le « risque sanitaire ».
De son côté, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT et principal dirigeant du mouvement en cours, s’attache à discréditer les grévistes … aux côtés du gouvernement. La population elle en revanche, ne s’y trompe pas et la grève continue d’être soutenue. Même sur BFM-TV, pourtant à la pointe en matière de propagande du gouvernement, le traditionnel micro-trottoir du passant « antigrève » peine à remplir sa fonction et sur les réseaux sociaux, les messages de soutiens aux éboueurs se multiplient.
En Vème République cependant, on se fiche bien d’être majoritaire et on a le pouvoir de s’en passer grâce à tout un tas de mécanismes anti-démocratiques. Après avoir utilisé les articles 47-1 et 44-3 pour passer en force au Parlement, le gouvernement s’assoie sur le droit de grève des éboueurs, en témoigne le ramassage des ordures par des sociétés privées partiellement orchestré cette nuit.
Quoi qu’il en soit, malgré les pressions du gouvernement et de la CFDT, la grève des éboueurs reste forte à Paris et dans tout le pays. Ce mardi, trois usines d’incinération aux portes de la capitale sont toujours bloquées et les salariés mobilisés dans plusieurs entreprises privées. Souvent, le rejet de la réforme des retraites se mêle à des revendications locales, notamment sur les salaires. Et à mesure que les déchets s’amoncellent dans les rues de Paris, voilà une réalité qui revient au premier plan : sans les travailleurs rien ne fonctionne.
C’est parce qu’ils ont ce pouvoir de faire fonctionner la société que les éboueurs en grève inquiètent la macronie. C’est parce qu’ils occupent le devant de la scène et posent la perspective d’un véritable durcissement du mouvement en cours que nous devons les soutenir. Personne n’a cru aux solutions miracles qui prétendaient épargner aux travailleurs le blocage réel et effectif de l’économie. Hier comme aujourd’hui, la victoire face à Macron passera par la généralisation de la grève reconductible. Les éboueurs montrent la voie, rejoignons-les !
