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Impérialisme

Le monde que Kissinger a bâti doit mourir avec lui

Les impérialistes, les colons et les criminels de guerre ont perdu un héros : Henry Kissinger, le boucher de l’impérialisme US est mort à 100 ans. Il laisse derrière lui des centaines de milliers de victimes et un monde façonné par les guerres et les coups d’Etat contre-révolutionnaires. C’est ce monde qui doit disparaître avec lui.

Samuel Karlin

30 novembre 2023

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Le monde que Kissinger a bâti doit mourir avec lui

L’un des criminels de guerre les plus célèbres de l’histoire est enfin mort. Henry Kissinger est responsable de la mort de millions de personnes à travers le monde et a contribué à créer l’architecture d’un système impérialiste qui continue d’opprimer des pays entiers à ce jour.

Kissinger a été secrétaire d’État sous les administrations Nixon et Ford, où il a joué un rôle essentiel dans la promotion des intérêts de l’impérialisme américain par le biais de guerres, de nettoyages ethniques et de famines. Jusqu’à sa mort, il a continué à conseiller l’élite de la politique étrangère américaine dans sa quête incessante d’expansion de l’influence des États-Unis, au mépris total des vies brisées par les interventions américaines. C’est l’une des plus grandes injustices que Kissinger ait vécu jusqu’à 100 ans, profitant d’une vie luxueuse, alors que tant de gens ne sont plus en vie aujourd’hui à cause de ses actions.

Dirigeant de premier plan pendant les années de la guerre froide, Kissinger a joué un rôle central dans l’avancement de la politique étrangère américaine visant non seulement à contenir l’Union soviétique, mais aussi à mener une campagne sanglante à travers le monde au nom de l’anticommunisme, et à réprimer impitoyablement les luttes de libération nationale qui menaçaient de quelque manière que ce soit l’hégémonie et l’influence des États-Unis. La violence de Kissinger était en fin de compte au service du maintien et de l’expansion de l’ordre capitaliste mondial qui a émergé après la Seconde Guerre mondiale et au sein duquel les États-Unis occupaient la première place.

Le plus grand crime de Kissinger est peut-être le rôle qu’il a joué en Asie du Sud-Est, où il a élaboré la politique de guerre des États-Unis au Viêt Nam, au Cambodge et au Laos. Sous la direction de Kissinger, ces guerres ont été menées sur la base d’un ciblage aveugle des civils ou, selon ses propres termes, en tuant « tout ce qui bouge ». Cela s’est fait par le biais de la guerre chimique, de tapis de bombes et de massacres. La politique de Kissinger a prolongé la guerre au Viêt Nam et a permis aux Khmers rouges de prendre le contrôle du Cambodge et de tuer 2 millions de personnes. Aujourd’hui encore, le Laos est jonché de millions de mines terrestres américaines non explosées qui continuent de mutiler et de tuer ceux qui ont le malheur de croiser leur chemin.

Comme l’a si bien dit Anthony Bourdain, « une fois que vous serez allé au Cambodge, vous ne cesserez jamais d’avoir envie de frapper Henry Kissinger à mort, à mains nues ».

Kissinger a également été l’architecte de la politique brutale des États-Unis en Amérique latine, notamment en incitant Nixon à renverser le gouvernement démocratiquement élu d’Allende au Chili en 1973.

A lire : Dossier - A cinquante ans du coup d’Etat a Chili

La dictature militaire d’Augusto Pinochet, que Kissinger a aidé à mettre en place, était sanglante et impitoyable envers les militants de gauche, les travailleurs et les dissidents. Pinochet avait souvent recours à des « vols de la mort », au cours desquels il tuait des gens en les larguant d’un avion ou d’un hélicoptère. Sous son régime, le Chili est devenu le « laboratoire du néolibéralisme » où, avec l’aide des économistes connus sous le nom de « Chicago Boys », les capitalistes ont élaboré des politiques visant à écraser le plus possible la classe ouvrière.

Kissinger saluant le général Augusto Pinochet

Pourtant, il ne s’agit là que de quelques-uns des crimes les mieux documentés de Kissinger. Aujourd’hui encore, de nouvelles révélations sont faites sur l’étendue de son influence et sur les vies que ses politiques ont détruites. Ces crimes s’étendent du Timor oriental à l’Angola en passant par l’Argentine. Mais ce ne sont pas seulement les guerres et les coups d’État qui constituent son héritage criminel - l’héritage de Kissinger se perpétue dans la violence que l’impérialisme américain continue d’encourager aujourd’hui encore. Il est en grande partie responsable du système même qui maintient la majorité du monde dans l’exploitation, l’oppression, la privation et la domination pour tirer profit du travail, des ressources et des dettes frauduleuses afin de maintenir la stabilité du capital américain à l’échelle mondiale.

Au-delà de son mandat, Kissinger a inspiré et encadré certains des pires criminels impérialistes du XXIe siècle. Parmi ces protégés de Kissinger figurent Dick Cheney et Hilary Clinton, qui ont poursuivi la politique étrangère brutale de l’impérialisme américain et ont accumulé les morts, depuis l’invasion américaine de l’Irak jusqu’aux efforts de changement de régime au Honduras et en Libye. Il s’agit également de personnalités telles qu’Antony Blinken qui, à l’heure où cet article est publié, supervise les interventions et les crimes américains en cours, de la guerre par procuration qui détruit l’Ukraine à l’offensive génocidaire d’Israël sur Gaza.

C’est une injustice que Kissinger soit mort dans sa maison du Connecticut. Il aurait dû pourrir dans une cellule de prison, sa fortune saisie et redistribuée à certains des peuples les plus terrorisés par ses politiques. Il ne suffit pas de se réjouir de sa mort. Il est essentiel de continuer à se battre pour un monde libéré des chaînes de l’impérialisme et où chacun de ses semblables devra payer pour ses crimes. À cette fin, il est essentiel de détruire tous les derniers vestiges de l’impérialisme qui, par la coercition et la force, continuent d’opprimer brutalement des millions de personnes à travers le monde, et de chasser du pouvoir tous les criminels de guerre inspirés par Kissinger. En l’honneur de ses millions de victimes, luttons pour que le monde de Kissinger pourrisse avec lui dans les poubelles de l’histoire.


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