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Précarité étudiante

Logement : des étudiants obligés de vivre au camping ou dans leur voiture pour étudier

Tentes, bungalows… avec des milliers d'étudiants sans logements Crous, certains sont forcés d’aller vivre en camping pour pouvoir se rendre à l’université. Une conséquence du manque et du coût du logement, et un saut supplémentaire dans la précarité des jeunes.

Antoine Weil

27 septembre 2023

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 Logement : des étudiants obligés de vivre au camping ou dans leur voiture pour étudier

Crédits photo : France TV

Faire ses études depuis le camping, un moyen de prolonger ses vacances malgré la rentrée ? C’est quasiment avec ce cynisme que les médias ont traité la situation catastrophique dans laquelle sont plongés de nombreux étudiants, privés de domicile en ce début d’année.

Plusieurs articles de presse publiés cette semaine reviennent en effet sur ce phénomène : à Biarritz, Aix-en-Provence, La Rochelle ou Angers, des étudiants dorment dans des tentes ou louent des bungalow, à défaut de trouver un logement Crous ou un loyer abordable près de leurs centres d’études.

Des « solutions » de fortune qui risquent de durer bien au delà de ce mois de septembre, comme l’explique Nino de l’association CoP1-Solidarités étudiantes qui l’année passée a déjà du vivre en camping jusqu’au moins de décembre. D’autant que cette situation n’a rien d’être économiques : à Rennes, l’emplacement de camping coûte entre 400 et 450 euros par mois tandis qu’à Aix-en-Provence des mobile-home sont proposés à 700 euros par mois pour 35 mètres carré, ce sans compter les dépenses supplémentaires en chauffage que l’on peut imaginer.

Mais certains n’en ont même pas les moyens, et se retrouvent parfois sans toit pour la rentrée. À Clermont, l’antenne locale de l’Union Étudiante a répertorié une trentaine d’étudiants sans logements à la rentrée, comme c’est le cas d’ « une étudiante qui dort depuis deux semaines dans la voiture d’un de ses amis ». Du côté de Rennes, une des villes les plus touchées par la crise, Erell, militante au Poing Levé et étudiante à Rennes 2 raconte : « Si je n’avais pas eu d’amis qui vivaient à Rennes, j’aurais du abandonner mon travail. Et même avec un contrat de 20 heures/semaine, je n’ai pas les moyens de me payer un logement avec les prix actuels du loyer. Entre ça et les logements CROUS infestés de cafards, à Rennes rares sont les étudiants qui vivent dans des conditions dignes ».

Des phénomènes effroyables, symptomatiques de la crise profonde du logement qui se couple à l’aggravation de la précarité étudiante. Avec 250 000 logement Crous manquant, la rentrée universitaire met en lumière les effets terribles de l’absence de moyens injectés par l’État dans ce domaine, et les effets terribles de la spéculation immobilière notamment dans les villes touristiques, ce alors qu’il existe des milliers de logement vides.

Les pieds dans le sable sur une chaise de camping ou sur la banquette arrière d’une voiture, on va attendre de ces étudiants qu’ils révisent leurs partiels et préparent leurs examens, voir suivent des cours sur Zoom comme cela est souvent imposé même après la crise sanitaire. Dans ces conditions, la pression scolaire qui est chaque année plus forte à l’université risque encore d’accélérer le départ des plus précaires de l’université.

Après le stress de devoir subir la sélection, de récolter de l’aide alimentaire pour se nourrir comme l’ont fait des centaines de jeunes lundi soir à Lyon s’ajoute désormais celui de ne pas trouver de logement. Une situation « moralement épuisante » de l’aveu de beaucoup de jeunes, et une cause supplémentaire de fatigue et détresse psychologique.

Ça n’a cependant pas l’air d’inquiéter le gouvernement, qui a balayé d’un revers de la main toute proposition, même minimale, d’allocation universelle pour les étudiants. Au contraire, il souhaite même renforcer laprécarisation des étudiants, et prépare un projet de renforcement de la sélection, avec des coupes budgétaires et de probables suppression de filières, tout en laissant planer la menace d’augmentation des frais d’inscriptions.

Alors que Macron continue d’arroser les grands patrons qui réalisent des marges records sur le dos de l’inflation comme les groupes de l’agro-alimentaire, il devient vital d’imposer un revenu étudiant financé par les grandes fortunes pour mettre fin à la précarité dans la jeunesse ainsi que la réquisition immédiates des logements vides pour que l’ensemble des étudiants vivent dans des conditions dignes.


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