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En route vers le tripartisme

Mauvaise journée pour Matteo Renzi. Le Parti démocrate en difficulté après le premier tour

Dans les plus grandes villes d’Italie où se jouait le premier tour d’élections municipales partielles, ce dimanche, le Parti démocrate au gouvernement sort affaibli. La droite, fragmentée, n’en profite pas. Le grand gagnant, c’est Beppe Grillo, ex-humoriste et leader du Mouvement cinq étoiles (M5S), une formation populiste droitisante qui brasse large. Ciro Tappeste

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Même si l’on votait dans près de 1350 communes, tous les yeux étaient braqués sur Milan, Turin, Bologne, Naples et surtout Rome. Les projecteurs, notamment, étaient tournés sur la capitale, dirigée par deux préfets depuis la démission de l’ancien maire de centre-gauche, éclaboussé, comme la droite, par l’affaire « mafia capitale », un vaste réseau de pots-de-vins impliquant politiciens, barons du BTP et mafia.

La droite, très fragmentée, se présentait en ordre dispersé, avec des alliances à géométrie variable. Les anciens berlusconiens qui sont au gouvernement, en coalition avec le Parti démocrate de Matteo Renzi, la Ligue du Nord, dirigée par le quadragénaire ultra-xénophobe Salvini, Frères d’Italie, les héritiers de l’Alliance nationale, ainsi que Forza Italia, toujours conduite par Silvio Berlusconi, n’ont pas réussi à tirer parti de la perte de vitesse du parti de Renzi.

Fort d’une popularité relativement élevée, bien qu’au gouvernement depuis plus de deux ans et à l’origine de contre-réformes extrêmement dures du marché du travail, à l’instar du « Jobs Act », Renzi avait réussi jusqu’à présent à se présenter comme l’artisan d’une grande stabilité institutionnelle dans un pays qui a connu, depuis le débarquement de Berlusconi, en novembre 2011, un « gouvernement technique » suivi d’un gouvernement de « grande coalition droite-gauche ». Mais le Parti démocrate a perdu, cette fois-ci, plus de 600 000 électeurs depuis les élections européennes de 2014, et le M5S, de Beppe Grillo, revient comme jamais sur le devant de la scène.

Avec une rhétorique anti-politiciens, une critique de l’UE, un programme économique ultra-libéral mêlé à des promesses d’assainissement des comptes-publics et un discours sur la « bonne gestion » couplant chauvinisme, lieux communs et quelques saillies anti-immigrés, Grillo a réussi à attirer à lui nombre de déçus de la politique venant de la droite mais aussi de la gauche. Après les frasques de Berlusconi et la percée de Grillo lors des élections législatives de 2013, les derniers scandales de corruption qui ont notamment secoué Rome ainsi que la disparition, sur le plan institutionnel, d’une gauche radicale qui n’a jamais pu sortir d’une logique de suivisme par rapport à la gauche austéritaire, ont fait le reste. Grillo et ses candidats réussissent aujourd’hui à conforter leur image d’alternative par rapport à « la caste ».

À Naples, le Parti démocrate et ses alliés ont été éliminés dès le premier tour ; à Rome, le PD devrait perdre face à Virginia Raggi, du M5S ; à Turin, le PD est au ballotage ; à Milan il est talonné de près par la droite ; et à Bologne, où le PD l’avait remporté dès le premier tour en 2011, le candidat sortant perd un tiers de ses électeurs.

Le panorama est compliqué, non seulement pour Renzi, mais également pour le patronat, qui en a fait « son » homme, d’autant qu’à droite aucune alternative ne se dessine. En octobre prochain, Renzi souhaite présenter une réforme constitutionnelle qui devrait permettre à la bourgeoisie d’opérer une véritable transition institutionnelle, avortée depuis l’opération Mains propres, au début des années 1990, et qui a contribué à bloquer la transformation du pays au profit des secteurs les plus concentrés du capital. Censée redessiner le champ politique italien à travers un bipartisme « moderne », la réforme voulue par Renzi est rattrapée par la crise des partis classiques qui secoue également le reste de l’échiquier politique européen.


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