×

SNU

Mise en place du SNU pour les élèves de seconde : les volontaires seront favorisés sur Parcoursup

Le gouvernement, par la voix de Sarah El Hairy, a annoncé la mise en place du SNU dès mars 2024 pour les élèves de seconde. S’il assure que le SNU ne sera pas obligatoire, les participants seront favorisés sur ParcourSup. Une carotte pour faire accepter un projet d’embrigadement de la jeunesse qu’il faut se préparer à combattre.

Simon Derrerof

15 juin 2023

Facebook Twitter
Audio
Mise en place du SNU pour les élèves de seconde : les volontaires seront favorisés sur Parcoursup

Crédit photo : Guillaume Krempp / Rue89 Strasbourg

Dans les dossiers depuis plusieurs semaines, la nouvelle est tombée : le SNU sera mis en place sur le temps scolaire dès mars 2024 pour les élèves de seconde. L’information était dans les tuyaux depuis l’annonce par Politis de la volonté du gouvernement de lancer dès la rentrée prochaine une nouvelle formule du SNU, Sarah El Haïri vient de l’officialiser ce jeudi dans un entretien au Figaro.

Après avoir reculé en mars dernier sur la généralisation du SNU en pleine réforme des retraites, repoussant l’échéance à 2026 par peur d’un embrasement de la jeunesse c’est un sérieux pas en avant que le gouvernement a enclenché ce jeudi vers la généralisation de son stage pour discipliner la jeunesse.

Les participants au SNU favorisés sur ParcoursSup, un premier pas en vue de sa généralisation

Pour tenter de faire passer la pilule alors que son projet est particulièrement impopulaire, c’est la carotte que le gouvernement a décidé de manier, avec la promesse d’« une aide financière pour les lycéens et les professeurs engagés », évoquant la possibilité de se faire financer le permis de conduire, et , surtout, promettant des points bonus sur Parcoursup pour les élèves qui accepteront de participer à ces séjours.

Alors que les lycéens sont chaque année rongées par le stress à cause de cette plateforme de sélection à l’université, l’exécutif veut donc favoriser les jeunes qui prendront part au SNU. Une mesure qui introduit une inégalité scandaleuse, et qui contraindra très certainement de nombreux lycéens à accepter le SNU pour espérer une meilleure place dans ce système de compétition entre les élèves pour accéder à l’enseignement supérieur.

Un premier pas en vue la généralisation du SNU, qui s’accompagne de la présence dans chaque établissement d’ « un référent SNU rémunéré » pour promouvoir le dispositif. Si ce dernier n’est pas encore obligatoire, Sarah El Haïri a rappelé dans les colonnes du Figaro que « l’obligation n’est pas un tabou ».

Dans le reste de l’interview, Sarah El Haïry a précisé les contours de ce SNU 2.0. Dans cette nouvelle « formule » des séjours de douze jours sur le temps scolaire seront proposés dans « le cadre d’un projet pédagogique de classe » dans les lycées volontaires. Ces « projets consistent à proposer aux enseignants de partir avec leur classe de seconde, encadrés par d’anciens militaires et des personnels défrayés par le gouvernement. Si les lycéens concernés peuvent refuser de participer « un peu comme pour un voyage scolaire » comme le dit la ministre, dans les faits, cette nouvelle formule du SNU va exercer une pression beaucoup plus importantes sur les élèves pour les pousser à réaliser ce stage.

De plus, les professeurs volontaires obtiendront une rémunération plus importante, prévue dans le cadre du "pacte", une autre manière de se diriger vers la généralisation du SNU que désirait le gouvernement en début d’année.

Le gouvernement déterminé à mettre la jeunesse au pas : il faut se préparer à résister !

De la même façon, les tentatives du gouvernement pour repeindre le SNU en vert ou les grands discours sur « l’unité nationale, la solidarité, la transition écologique, ou encore les questions démocratiques » ne réussissent pas à faire oublier les volontés autoritaires et militaristes qui entourent ce projet. En clair, derrière le SNU, il faut voir l’envie du gouvernement d’asseoir son offensive idéologique en mettant au pas une jeunesse qui s’est fortement mobilisée contre lui pendant le mouvement contre la réforme des retraites mais aussi de rapprocher la jeunesse de l’armée dans un contexte de guerre aux portes de l’Europe.

Il exprimait déjà cette volonté en décembre dernier dans une adresse aux armées, appelant le SNU à « renforcer les forces morales de la nation, en particulier de la jeunesse (...). Cette force morale est sans doute la plus importante de tout ». Des objectifs fixés dès le premier mandat de Macron, qui déclarait déjà en 2017 vouloir « des stages qui permettront également de disposer, en cas de crise, d’un réservoir mobilisable complémentaire de la Garde Nationale ».

Signe de l’objectif idéologique du SNU, la secrétaire d’état à la jeunesse a ainsi fustigé dans les colonnes de Figaro une contestation qui vient de « l’ultra gauche », et de dénoncer les enseignants qui s’opposent au projet alors que « Ce sont les premiers à prôner les séjours scolaires, la classe hors l’école, les déplacements culturels » d’après la ministre. Derrière les provocations, la nature même du projet est claire : il s’agit de discipliner les lycéens et les professeurs, chez une génération trop occupée à contester et à manifester au goût du gouvernement, et qu’il voudrait remettre au travail, à coup de matraques ou d’offensive sexiste et islamophobe, comme dernièrement autour des abbayas, que le SNU servira à exacerber.

A cet égard, après le mouvement contre la réforme des retraites le gouvernement a notamment décidé de relancer l’offensive dans l’éducation nationale. Il y a quelques semaines Pap Ndiaye annonçait sa réforme des lycées professionnels. Un projet visant à accélérer la transformation néolibérale d’une éducation nationale toujours plus adaptée aux besoins des entreprises, les lycéens professionnels devenant une main d’œuvre accessible et gratuite pour le patronat.

Pourtant, la jeunesse qui s’est mobilisée en masse contre la réforme des retraites, le 49.3, les violences policières ou encore pour le climat, et qui n’a rencontré comme réponse que la matraque et la garde à vue, a mieux à faire que de rentrer dans le carcan que Macron veut lui imposer. Face à un gouvernement qui veut faire des lycéens une génération sage, au garde à vous, une génération va t’en guerre et nationaliste, c’est par la mobilisation qu’il faudra répondre et par le blocage dès la rentrée prochaine des lycées.


Facebook Twitter
Columbia, Sciences Po, Buenos Aires : la jeunesse montre la voie

Columbia, Sciences Po, Buenos Aires : la jeunesse montre la voie

Soutien à la Palestine : après Science Po Paris, les étudiants de Poitiers occupent leur campus

Soutien à la Palestine : après Science Po Paris, les étudiants de Poitiers occupent leur campus

Sciences Po occupés : rejoignons leur combat contre le génocide à Gaza

Sciences Po occupés : rejoignons leur combat contre le génocide à Gaza

Macron à la Sorbonne : la police interpelle deux personnes et réprime les étudiant·e·s mobilisé·e·s

Macron à la Sorbonne : la police interpelle deux personnes et réprime les étudiant·e·s mobilisé·e·s

De la Guadeloupe aux quartiers populaires : Darmanin soutient le couvre-feu des mineurs

De la Guadeloupe aux quartiers populaires : Darmanin soutient le couvre-feu des mineurs

Etats-Unis. La mobilisation étudiante pour la Palestine s'intensifie face à la répression

Etats-Unis. La mobilisation étudiante pour la Palestine s’intensifie face à la répression

Université du Mirail. La présidence veut faire taire les critiques sur sa gestion des VSS

Université du Mirail. La présidence veut faire taire les critiques sur sa gestion des VSS

Sciences Po : les CRS expulsent le campement des étudiants pro-Palestine, solidarité !

Sciences Po : les CRS expulsent le campement des étudiants pro-Palestine, solidarité !