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Une piètre parade pour un énorme scandale

Nouvelle révélation dans le #PénélopeGate : Fillon serait « féministe »

Ce matin 25 janvier, Le Canard titre : « Pour Fillon, Pénélope est un bon filon » ! Et de révéler, les sommes coquettes que sa discrète épouse a touchées depuis 2001, en tant qu’assistante parlementaire fantôme. De ses travaux, point de traces, dans la mémoire de ses « collègues », aucun souvenir. Coup dur pour le malheureux présidentiable qui après avoir pris l’ascenseur au moment des primaires commence à redescendre les escaliers. Il cherche la parade, bien sûr, et il se trouvera sûrement dans sa cour quelques vassaux pour lui prêter main forte. En attendant, « il est mal… très mal » au point que celui-ci invoque même sans rire… le « féminisme ». Claire Manor

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Bourrasque et terrain glissant pour le présidentiable

Fillon, en déplacement ce mercredi à Bordeaux, fief de Juppé, avait l’intention d’ouvrir, avec flonflons et tambours, une séquence de réconciliation et de grand rassemblement avec le candidat malheureux à la primaire. Mais au lieu des flonflons, c’est un coup de tonnerre qui s’est fait entendre, et pas seulement dans le ciel bordelais.
Le Canard, avec son art consommé de la mauvaise nouvelle au bon moment, vient contrecarrer ce beau programme et oblige Fillon à la riposte. D’après le journal, Pénélope Fillon aurait touché pendant plusieurs années un salaire d’attachée parlementaire, d’abord du député de la Sarthe et néanmoins mari, François Fillon, puis de son successeur et néanmoins ami, Marc Joulaud.
Non contents de lui permettre de toucher des salaires sans contrepartie de travail, ils auraient en outre siphonné à son profit la quasi-totalité de l’enveloppe légalement attribuée à l’équipe de « collaborateurs », en l’occurrence trois personnes dont « Penny ». Heureusement pour eux, les deux autres étaient rémunérés par ailleurs… La potentielle « première dame de France », en tant que salariée de l’Assemblée, aurait donc touché une rémunération allant de 3 900 euros bruts mensuels en 2001 à 7000 euros en 2006, très chrétiennement ramenés à 4 600 euros lorsque son mari est entré à Matignon avec un traitement mensuel de 21 300 euros. Le manque à gagner a cependant vite été récupéré grâce à un opportun « job » à la Revue des deux mondes.
Au total, cette juteuse magouille représenterait 500 000 euros bruts sur une période de 8 ans cumulés. Une révélation d’autant plus ravageuse que Fillon programme la suppression de 500.000 postes de fonctionnaires, fait campagne contre les prétendus « assistés » et prône la « valeur travail ».

Faute de botte de Nevers, Fillon botte en touche

Calomnie, calomnie… on aurait pu s’attendre à ce que Fillon démontre illico que tout cela était un tissu de mensonges clouant ainsi le bec au vilain canard. Mais que croyez- vous qu’il arriva ? Ce fut le Canard qui fut montré du doigt.
Fillon commence par botter en touche en déclarant «  Je vois que la séquence des boules puantes est ouverte. Je ne ferai pas de commentaire car il n’y a rien à commenter ». Puis face aux journalistes rassemblés devant l’usine Thalès, il s’indigne vertueusement, en féministe convaincu, avec ces mots : « Je voudrais simplement dire que je suis scandalisé par le mépris et la misogynie de cet article. Alors, parce que c’est mon épouse, elle n’aurait pas le droit de travailler ? Imaginez un instant qu’un homme politique dise d’une femme, comme le fait cet article, qu’elle ne sait faire que des confitures. Toutes les féministes hurleraient. Voilà ce que j’ai à dire  ».

Au royaume de la mauvaise foi, Fillon est couronné roi. D’abord, il n’est question dans l’article du canard d’aucun pot de confiture que confectionnerait une certaine Pénélope. Elle était d’ailleurs dans la mythologie plutôt affectée au tissage. Il n’est par ailleurs dit nulle part qu’elle n’aurait pas le droit de travailler, mais qu’au contraire elle aurait dû travailler puisqu’elle était payée.

Alors, où est la cause du litige ? Dans le fait que Pénélope, en grec ancien, signifie « canard sauvage » et qu’il soit compréhensible qu’elle ne se laisse pas traîner dans la boue par celui qui se nomme volontiers « le palmipède » ? Ou bien plutôt parce que le canard « a dit la vérité [et qu’]’il doit être exécuté » ?

C’est en tout cas ce que cherchera à découvrir l’enquête préliminaire, déclenchée par l’article du Canard et ouverte par le parquet national financier sous les chefs de détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits. L’enquête est confiée à l’Office Central de Lutte contre les infractions financières et fiscales. De quoi faire trembler Fillon et donner un regain d’énergie à tous ses rivaux de droite et de gauche, même si cette justice de classe a maintes fois démontré qu’elle savait épargner les puissants.

Fillon champion du féminisme ?

Le plus savoureux de l’histoire est que Fillon, incarnation d’une droite dure et catholique frisant l’intégrisme, soit contraint d’entonner la trompette d’un féminisme dont on peut dire qu’il ne s’est guère fait le chantre jusqu’ici. Voici quel est le credo, de Fillon le soi-disant féministe :
sur l’IVG, en bon jésuite qu’il est, il a exprimé une position prétendument personnelle et pourtant très publique. A propos de son livre Faire, paru en 2015 il a reconnu lors d’un meeting dans les Yvelines en juin dernier : « Dans mon livre, j’ai commis une erreur quand j’ai écrit que l’avortement était un droit fondamental. Ce que je voulais dire c’est que c’est un droit sur lequel personne ne reviendra ». « Moi, philosophiquement et compte tenu de ma foi personnelle, je ne peux pas approuver l’avortement  ». Subtil distinguo qui annonce clairement la couleur du féminisme que l’on pourrait attendre d’un Fillon président.

A son programme également, certaines mesures qui, sous couvert de « protéger » les femmes, prennent des tournures paternalistes, voire franchement réactionnaires, comme favoriser le télétravail, ou les emplois à temps partiel, c’est-à-dire les maintenir le plus possible à la maison. Au fait, on n’y avait pas pensé, mais peut-être que Pénélope assumait la double charge en élevant ses enfants tout en faisant du télétravail pour l’Assemblée ?

Le seul argument, certes peu glorieux, qu’il pourrait utiliser pour sa défense, c’est d’invoquer le fait qu’il n’est pas le seul à trainer des casseroles. Il est vrai qu’après le trucage de la primaire du PS, les déboires judiciaires de Le Pen et les nouvelles révélations sur Macron, il semble que le truandage soit devenu la norme.
Une raison de plus de donner une bonne fois pour toute un grand coup de pied dans la fourmilière.


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