Le taux de participation est l’un des plus élevés dans l’histoire récente. Malgré la tempête annoncée la veille par les médias, plus de 180 000 républicains et 170 000 démocrates se sont déplacés pour élire les délégués du candidat qu’ils souhaitent voir se présenter à l’élection présidentielle en novembre 2016. Lors de ces assemblées électives, qui ont lieu dans chacun des comtés de l’État, les électeurs ont écouté les interventions des représentants des différents candidats, puis voté. On dit que le candidat qui gagne l’Iowa est bien parti pour gagner l’investiture présidentielle. Mais dans cet État du centre du pays, les apparences sont parfois trompeuses.
Donald Trump trébuche, mais ne se casse pas la figure
La première surprise arrive côté républicain. Alors que tous les sondages donnaient Donald Trump largement gagnant, le on ne peut plus vulgaire roi de l’immobilier arrive en deuxième position avec 24 % des suffrages, derrière l’homme du Tea Party, Ted Cruz, qui réalise un score de 28 %. Le milliardaire se trouve également talonné par le jeune sénateur de Floride, Marco Rubio, avec 23 % des voix. Les travailleurs, les femmes et les jeunes de l’Iowa avaient peut-être mal pris le fait de s’être fait traiter de « stupides » par le candidat milliardaire en novembre dernier…
Le sénateur texan Ted Cruz, revenant au score, remporte ce premier match sur le chemin de l’investiture présidentielle. Fils d’un exilé cubain, né au Canada, Cruz a fait ses études à l’Université de Harvard et siège au Sénat depuis 2013. Il se décrit lui-même comme un outsider et peu apprécié par les membres de son propre parti. L’ancien candidat républicain à la présidentielle, John McCain, l’a même qualifié de « dingue » ! Pourtant, il bénéficie d’un fort soutien de la part des chefs évangéliques qui exercent une influence importante parmi la population de l’Iowa.
Mais sa victoire ne représente pas celle d’une aile plus modérée du Parti républicain face à Donald Trump. Il incarne en effet une aile radicale du Parti républicain, constituée autour de l’ultra-droite chrétienne et du Tea Party ultra-libéral, qui a émergé dans les dernières années. S’il est élu, il compte remettre en cause le droit à l’avortement et le mariage homo, défendre le droit à porter des armes, abroger la réforme de santé d’Obama, empêcher la réforme du système d’immigration et abroger l’accord avec l’Iran sur son programme nucléaire. En dernière instance, son programme n’est pas très différent de celui de Trump, mis à part les insultes.
Hillary Clinton fait match nul face à la « révolution » en marche de Sanders
Côté démocrate, la compétition s’est musclée entre l’ancienne secrétaire d’État Hillary Clinton et le sénateur du Vermont Bernie Sanders. Dans les dernières semaines, Clinton remontait progressivement dans les sondages face à son rival rouge. Dans ses derniers meetings, se présentant aux côtés de son mari Bill Clinton, elle témoignait d’une confiance grandissante, de plus en plus sûre de sa victoire dans l’Iowa. Cette dernière n’a cependant pas été au rendez-vous.
Les deux candidats ont finalement fait match nul, chacun obtenant 49 % des suffrages exprimés. Dans certains comtés, les deux se retrouvant carrément à égalité en nombre de voix, les matchs ont dû être départagés en tirant à pile ou face. Si Clinton a évité une nouvelle déroute, comme celle qu’Obama lui avait infligée dans l’Iowa en 2008, et réussi à prendre quelques dixièmes de pourcentage d’avance, c’est Sanders qui s’en sort véritablement renforcé. Son bon résultat dynamisera sa base militante et encouragera les dons dont il aura besoin pour poursuivre sa campagne.
Ces dynamiques seront infirmées ou confirmées mardi 9 février lors des prochaines primaires qui se tiendront dans le New Hampshire. Si, côté républicain, Donald Trump est donné favori dans cet État voisin du Vermont de Sanders, c’est ce dernier, côté démocrate, qui pourrait triompher largement face à Clinton mardi prochain.
