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Guerre aux pauvres

Réforme du logement social : une nouvelle offensive anti-pauvres

Gabriel Attal a annoncé fin janvier l’intégration des logements intermédiaires aux quotas de la loi SRU. Une mesure qui, d’ici l’été, va encore aggraver les difficultés d’accès aux logements sociaux pour les plus précaires.

Léo Stella

23 février

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Réforme du logement social : une nouvelle offensive anti-pauvres

Crédit Photo : Daniel Jolivet flickr

Lors de son discours de politique générale, Gabriel Attal a annoncé fin janvier sa volonté de réformer la loi SRU, obligeant, en principe, les communes à disposer d’un quota minimum de logements sociaux. En intégrant les logements dits « intermédiaires » aux quotas de HLM par commune, la réforme va mécaniquement diminuer le nombre de logements sociaux, dans un contexte ou la précarité immobilière explose. La fondation l’Abbé Pierre dénonce ainsi l’importante diminution de construction de logement sociaux. En effet, 124 000 logements ont été construit en 2016 contre à peine 95 000 en 2022.

Une offensive de taille contre les logements sociaux

Le gouvernement prévoit une offensive de taille contre les logements sociaux, c’est ce que nous comprenons des annonces de politiques générale de Gabriel Attal. Une volonté illustré par la nomination de Guillaume Kasbarian, architecte de la loi « anti-squat » et défenseur des grands propriétaires, au ministère du logement dont le premier objectif est le détricotage de la loi SRU. 

Cette loi, voté en 2000, est censée garantir un socle de contribution minimum de 25 % de logement sociaux pour toutes les communes de plus de 1 500 habitants en Île-de-France, et de plus de 3 500 habitants pour les autres régions.Pour la minorité de communes qui la respectent elle permet de garantir un minimum de logements sociaux accessibles aux plus précaires. 
Le premier ministre compte revenir dessus et continuer la chasse aux pauvres en incluant les logements intermédiaires dans les quotas sociaux obligatoires. Une inclusion qui va diminuer la part des logements sociaux, déjà grandement insuffisants, tout en excluant les personnes les plus précaires qui ne pourront pas avoir accès à ce type de logements, pensés pour être accessibles aux classes moyennes. Aujourd’hui, seulement 3 % des ménages demandant un logement social sont en capacité d’avoir accès aux logements intermédiaires.

Une offensive de gentrification qui vise avant tout les quartiers populaires

Une offensive contre les plus précaires qui vise avant tout les quartiers populaires. En effet, à la suite des révoltes de Nahel, le gouvernement avait déjà attaqué les quartiers populaires en déléguant aux élus locaux l’attribution des logements sociaux, ce qui a ouvert la voie aux choix arbitraire des mairies. Cette volonté s’illustre encore avec la suppression de l’accès aux logements DALO dans les quartiers populaires.

À cela s’ajoute la politique consciente du gouvernement de destruction des logements sociaux au profit du parc privé. Le doublement de la TVA (de 5,5 % à 10 %) sur la construction de logements sociaux, couplé à des coupures budgétaires a, entre autres, permis l’effondrement de la construction de logements sociaux. Comme le pointe Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat, au micro de Mediapart :« Depuis 2018, le nombre d’agréments de logements sociaux n’a cessé de baisser, tombant à 82 000 en 2023 pour un objectif de 110 000, le plus mauvais résultat depuis 2005. »

Cette logique s’accompagne de la destruction accélérée des parcs HLM dans les quartiers populaires par l’ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine). Sous couvert de « mixité sociale », c’est bel et bien un projet de gentrification qui s’illustre notamment par le remplacement des HLM par des logements intermédiaires, poussant ainsi les habitants des quartiers populaires à partir toujours plus loin dans la périphérie, comme le montre l’exemple de la gentrification de la ville Saint-Denis dans la perspective des JO.

La crise du logement s’approfondit sous les auspices du gouvernement Attal-Macron

La macronie entend donc approfondir la crise du logement, impactant déjà des millions de foyers précaires. Aujourd’hui, selon la fondation Abbé Pierre près de 330 000 personnes sont sans domicile, un chiffre qui a quasiment doublé en dix ans. Sans compter les plus de 8 000 demandes d’hébergement d’urgence non pourvues chaque soir, dont près d’un quart concerne des mineurs. À cela s’ajoute l’explosion des demandes d’accès aux logements sociaux avec plus de 2,6 millions de personnes en attente, un chiffre qui ne va faire qu’augmenter. En Ile de France, c’est, selon l’Institut Paris Région, 76% des ménages franciliens sont éligibles au logement social tandis qu’entre 2002 et 2020, les loyers du parc privé ont augmenté de 56% et les prix de l’immobilier ont quasiment triplé. Un exemple local révélateur d’une situation nationale qui touche en premier lieu les quartiers populaires et les plus précaires.

La question de la crise du logement n’est cependant qu’une des facettes d’une offensive globale du gouvernement contre les droits sociaux les plus élémentaire, des logements à l’assurance chômage, sans oublier les offensives contre le RSA. Par ailleurs, Les 10 milliards d’austérité appelé par Bruno Le Maire et les futures attaques contre les services publics illustrent la volonté du gouvernement de continuer sa logique de libéralisation, favorisant les bénéfices des secteurs du privé, au détriment du secteur public. L’annonce d’Attal de réformer la loi SRU répond par ailleurs à une demande historique de la droite et pave la voie au programme xénophobe de Marine Le Pen sur la préférence nationale.

Face à cela, il nous faut exiger la réquisition de tous les logements vides, l’accès au logement à tous et toutes et la rénovation écologique des bâtiments anciens. Des revendications qui ne pourrons être obtenue que par la construction d’un front large contre le projet réactionnaire et anti-social que nous promettent Kasbarian, Attal et Macron.


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