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Répression coloniale

Retour du bagne : à Mayotte, le chef du département propose des « colonies pénitentiaires »

Le président du conseil départemental de Mayotte a annoncé la création de « colonies pénitentiaires » dans les îles éparses pour « jeunes délinquants ». Une proposition dans la lignée de la politique de répression coloniale du gouvernement.

Léo Stella

1er mars

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Retour du bagne : à Mayotte, le chef du département propose des « colonies pénitentiaires »

Crédits photo : WikimediaCommons

Ce jeudi, le Canard enchaîné a dévoilé les propos de Ben Issa Oussenni, le président du Conseil départemental de Mayotte, qui appelle au retour des bagnes pour les « jeunes délinquants » de Mayotte. Lors d’une réunion avec d’autres membres de l’exécutif de Mayotte, il aurait proposé de ne pas placer les jeunes à la prison de Majicavo, mais de les « emmener sur les îles aux alentours […] en isolement avec des militaires » pour leur « apprendre la discipline ». Les îlots dont parle Oussenni sont les îles Éparses, qui se situent à 274 km de Mayotte et sont inhabitées et inhabitables. Ce sont des îlots de bancs de sable de 7 km et peuplés de « nuées de moustiques » ou encore « de bancs de requins » comme le cite le Canard. Les propos sont donc plutôt clairs : proposer la création de bagnes pour les jeunes souvent immigrés de Mayotte.

Le président du Conseil département semble ainsi nostalgique de l’époque coloniale française, connue pour ses nombreux bagnes notamment en Guyane, mais aussi pour ses « colonies agricoles pénitentiaires » destinées aux jeunes « délinquants » en métropole et dans les colonies.

Ces propos rentrent dans la continuité de la surenchère raciste et des offensives anti-immigrés du gouvernement vis-à-vis de l’île. Courant février, alors que l’île continue de s’engouffrer dans une crise économique et sociale toujours plus profonde, Gérald Darmanin assurait sa détermination à aller encore plus loin et revendiquait le bilan de la première opération Wuambushu, lancée il y a près d’un an. A cette occasion, le ministre a confirmé l’application des restrictions au regroupement familial promulguées en janvier dans le cadre de la loi immigration, ainsi que sa volonté de supprimer à terme le droit du sol à Mayotte. De son côté, le Sénat vient d’adopter à l’unanimité un projet de loi contre « les habitats indignes » applicable uniquement aux « outre-mer », qui permet la démolition des habitats informels et des bidonvilles dans les 96 heures suivant leur construction. Une loi qui a pour but d’éviter pour le gouvernement les revers juridiques qui avaient suivi l’acte I de l’opération Wuambushu l’année dernière. Avec la présentation en Conseil des ministres d’un projet de « loi d’urgence » pour Mayotte le 22 mai prochain, l’annonce d’un projet de « loi d’urgence » pour Mayotte qui sera présenté en Conseil des ministres le 22 mai prochain et la mise en place d’un Wuambushu II, projet confirmé il y a quelques jours par Marie Guévenoux, ministre déléguée chargée des Outre-Mer, le renforcement de l’exception coloniale à Mayotte devrait encore se prolonger.

S’il y a fort heureusement peu de chances que la proposition des propos de Ben Issa Oussenni mise en place, elle révèle la logique coloniale et le laboratoire anti-immigrés que représente Mayotte pour le gouvernement français. Cibler les jeunes dits « délinquants » et immigrés comme responsable de la crise que connaît l’île est un moyen de cacher la gestion coloniale française de Mayotte, seule responsable de la situation sociale et économique désastreuse sur l’île. Car s’il faut bien retenir une chose de l’acte I de Wuambushu, c’est une politique profondément répressive qui au final ne peut qu’aggraver les problèmes structurels de l’île. Pénurie d’eau, magasins à court d’approvisionnements, écoles et hôpitaux qui peinent à fonctionner, niveau de violence inouïe sur l’île, possible épidémie de choléra à venir : autant de problématiques ne seront résolues ni par un acte II de Wuambushu, ni par le retour des bagnes.


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