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La colère d'une mère contre les violences policières

Témoignage. Pour quelques pétards, « les policiers ont interpellé et massacré mon fils »

Nous relayons ici le témoignage d'une mère sur la violente interpellation de son fils le soir du 14 juillet.

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« Regarde, ils sont en train de déchirer ton fils ! »

J’habite dans le 18e. Le soir du 14 juillet, mon fils qui a 17 ans et des copains à lui sont allés claquer des pétards, des mortiers aussi, et cramer une poubelle. Oui, je sais, c’est pas bien… Mais pour ça, les policiers l’ont interpellé et massacré. On est venu sonner chez moi en me disant « Regarde ils sont en train de déchirer ton fils ! ». Je pensais à une bagarre de jeunes, je me suis mise à la fenêtre et j’ai vu la police et mon fils menotté dans le dos, allongé au sol sur le ventre. J’ai vu qu’ils étaient plusieurs à le taper. J’ai crié « C’est mon fils, il est mineur ! » et je suis descendue. On m’a répondu qu’ « On s’en bat les couilles » et on m’a visée avec un flashball. Entre temps, ma belle sœur était elle aussi arrivée en bas. Elle porte le foulard. Elle a demandé pourquoi ils le frappaient et l’un des policiers lui a répondu « Rentre chez toi, Fantomas ». Quand je suis arrivée en bas, le camion est parti. J’ai demandé où on l’emmènait, et on m’a répondu qu’ « on me préviendra ».

Je suis allée aux commissariats du 10e et 18e, pas moyen de savoir où il se trouvait. Cinq heures plus tard, on m’appelle enfin pour me dire où il est. Je demande s’il va bien, on me répond « Oui oui, ne vous inquiétez pas » alors que j’ai su plus tard que ce n’était pas le cas : on lui faisait la misère et on l’avait même placé avec des personnes majeures en garde à vue, ce qui est interdit. Il a passé 48 heures en garde à vue, puis, une fois relâché, j’ai dû l’emmener à l’hôpital.

Voilà comment je le récupère : défiguré, avec traumatisme crânien et traumatisme psychologique. Comment ne pas avoir la haine de notre police ? Nos enfants sont encore plus en sécurité dehors que dans les commissariats de France. C’est honteux, la juge des enfants et l’éducatrice au tribunal ont signalé l’état de mon fils après son interpellation et sa garde à vue au procureur, une enquête a été ordonnée…

Une trace de chaussure sur le visage

Je ne raconte pas tous les détails, mais des témoins m’ont raconté qu’ils l’avaient frappé contre un rideau de fer, qu’ils l’avaient tapé, insulté… Sur son corps, le médecin de la garde à vue a relevé une belle trace de chaussure, avec différentes traces de coups !

Maintenant mon fils ne sort plus, il n’est pas bien, il ne dort plus la nuit. Il ne veut même plus porter plainte. Quand j’ai dit aux policiers que j’allais porter plainte, ils m’ont ri au nez en disant que je n’étais pas la première, que je pouvais y aller… Et dans le même temps, ils ont fait signer une déposition à mon fils pour lui faire dire que c’est lui qui se serait rebellé, qu’il se serait même jeté par terre… Mais c’est bien une trace de chaussure qu’il a au visage, pas une trace de bitume !

« Et en plus il faudrait se taire ? »

Le monde va mal, ça me dégoûte. Là où j’habite, les policiers traitent les gens comme de la merde. Quand ils contrôlent les jeunes, ils leur prennent leurs lacets, leurs sous, cassent leur téléphone. Que des trucs comme ça, ils les foutent en caleçon devant tout le monde. C’est des quartiers où ils règnent en maître.
Ils profitent du fait que la plupart des habitants ne parlent ou n’écrivent pas le français et ont peur car ils croient que les policiers peuvent tout faire. Je leur dit qu’en France, il y a des droits et des lois pour tous. Si c’est moi qui avais frappé mon fils, je serai en prison !

Je ne laisserai pas passer ça comme ça. Le voir dans cet état m’a mis la haine. Et en plus il faudrait se taire ? Toute cette violence, ce n’est pas anodin dans ce quartier, ça arrive souvent, mais les plaintes n’aboutissent jamais. Avec l’histoire d’Adama, je me suis dit que ça aurait pu être mon fils…


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