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États-Unis

Trump-Biden : un duel présidentiel confirmé contre les intérêts des classes populaires américaines

Comme prévu, ce seront Biden et Trump qui s’affronteront en novembre prochain pour la présidentielle américaine. Cependant, les contradictions de la campagne commencent déjà à apparaître, sur fond de crise de l’establishment et du soutien continu à l’État israélien.

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Trump-Biden : un duel présidentiel confirmé contre les intérêts des classes populaires américaines

Crédits photo : Left Voice

Traduit de Left Voice : Super Tuesday Confirms Trump, Biden Faceoff in November

Ce qui était largement anticipé semble se confirmer : Trump et Biden devraient tous deux remporter la majorité des voix lors de leurs primaires respectives, s’assurant ainsi l’investiture de leurs partis respectifs.

Alors qu’il n’y avait aucun concurrent sérieux dans les deux primaires, l’ancienne gouverneure républicaine et représentante des Nations unies Nikki Haley a monté une campagne contre Donald Trump qui, selon The Hill, a fait d’elle « la principale critique de Trump au sein du GOP », bien qu’il faille se rappeler que dans les premiers jours des primaires, l’ancien gouverneur du New Jersey, Chris Christie, était le critique le plus virulent de Donald Trump. Nikki Haley a adopté un ton plus acerbe à l’égard de l’ancien président plus tard dans la course aux primaires.

Elle a remis en question non seulement sa capacité à battre Joe Biden lors de l’élection générale, mais aussi sa capacité à diriger une administration stable. En outre, Haley a critiqué la position de Trump sur l’Ukraine, affirmé que sa politique entraînerait la « faillite de la sécurité sociale » et que Donald Trump ne « s’occupait que de lui-même ». Elle a même relevé de nombreuses déclarations confuses de Trump et a appelé à un test d’aptitude mentale pour tout candidat à la présidence âgé de plus de 75 ans. Malgré tout, Haley n’a jamais été en mesure de mettre Trump en difficulté dans sa marche vers l’investiture et, après une prestation décevante mardi, où elle n’a remporté que l’élection dans le Vermont, elle a annoncé mercredi qu’elle suspendait sa campagne.

Pour Biden, le principal défi dans les primaires résidait dans la campagne pour un « vote non engagé » [uncommitted, c’est à dire un vote blanc, NdT], qui exprime à la fois la frustration de la base du Parti démocrate à l’égard de Biden et la tentative de ramener les secteurs désillusionnés du vote démocrate au sein du Parti démocrate.

Les électeurs indépendants : une faiblesse pour Trump et Biden

Selon le journal ABC, les sondages de sortie des urnes « montrent des faiblesses pour Joe Biden et Donald Trump parmi les électeurs indépendants ». Les premiers sondages réalisés en Caroline du Nord, en Virginie et en Californie ont montré que 35 %, 36 % et 33 % des électeurs des primaires républicaines ne garantissaient pas qu’ils voteraient républicain en novembre.

Nikki Haley a aussi participé a diviser les électeurs indépendants en Virginie sur la figure de Trump, et de nombreux partisans de Haley ont déclaré qu’ils ne voteraient pas pour Trump en novembre. Ces votes n’ont pas suffi à Nikki Haley pour gagner les primaires, mais dans une élection générale serrée, ils s’additionnent.

Bien que Haley se soit retirée de la course, elle n’a pas encore soutenu Trump. Au lieu de ça, elle l’a félicité et lui a « souhaité bonne chance », ajoutant qu’elle « souhaite bonne chance à quiconque voudrait devenir président de l’Amérique ».

La campagne de Biden alimentée par la peur d’une présidence Trump

Beaucoup craignent une présidence Trump et voient en lui un autoritaire décidé à s’attaquer aux droits démocratiques. C’est l’idée maîtresse qui sous-tend la campagne de Biden. Cependant, l’engouement autour de Biden n’est pas le même parmi les Démocrates que celui qui existe pour un vote Trump du côté de la base des Républicains.

Dans un récent sondage publié par le New York Times/Siena, la majorité des personnes interrogées, toutes races, genre et âges confondus, déclarent que les politiques de Trump les ont davantage aidés, eux et leurs familles, que celles de Biden. Cela montre les limites de la présidence Biden et de sa campagne de réélection. Il en va de même pour les résultats du vote blanc, qui est en grande partie un vote de protestation contre le refus du président Biden d’appeler à un cessez-le-feu à Gaza et de continuer à soutenir militairement et financièrement Israël. Grâce à une campagne très médiatisée et à une population d’origine arabe importante, le Michigan a pu recueillir 100 000 votes « non engagés ».

Dans le Minnesota, le Colorado et le Tennessee, le total des votes « non engagés » s’élevait respectivement à plus de 43 000 (18,9 %), 45 000 (8,8 %) et plus de 10 000 (7,8 %) voix. En Caroline du Nord et dans le Massachusetts, 88 000 (12,7 %) et 58 000 (9,3 %) personnes ont voté « sans préférence ».

Ce n’est pas le seul signe de l’impopularité croissante de Biden. Les derniers sondages montrent que Biden n’est distancé de Trump que par 4 points, et qu’il a peut-être perdu son avantage en termes de sympathie par rapport à Trump. Le caractère serré de la course souligne à nouveau l’importance que les électeurs indépendants joueront dans les élections. Biden en est parfaitement conscient et a déjà tendu la main aux partisans de Nikki Haley, affirmant qu’il y avait une place pour eux dans sa campagne.

Une pression au moindre-mal est à prévoir jusqu’aux élections

La menace que représentent Donald Trump et son mouvement MAGA (Make America Great Again) est réelle. Celle-ci est renforcée par l’incapacité de Biden et du Parti démocrate à constituer une alternative au trumpisme et à l’extrême-droite américaine. En fait, sur certaines questions - comme l’immigration et les frontières - Joe Biden a adopté la position de Trump, ce qui n’a fait que renforcer l’extrême droite au sein du Parti républicain.

Le génocide qui se déroule actuellement en Palestine montre que Biden et les Démocrates sont déterminés à défendre les intérêts de l’impérialisme américain, même au prix de dizaines de milliers de morts. L’administration Biden a exprimé son désaccord avec la manière dont Israël gère la situation en Palestine. Récemment, la vice-présidente Kamala Harris a appelé à un « cessez-le-feu immédiat de six semaines ». Pourtant, ils continuent d’apporter une aide militaire et financière à Israël en raison du rôle de ce pays en tant que lieu stratégique des intérêts de l’impérialisme américain dans la région, ni plus ni moins.

Plutôt que de se revendiquer « non engagés », en laissant le champ libre à Biden et à ses politiques qui s’en prennent à la classe ouvrière et aux opprimés, aux États-Unis et à l’étranger, la classe ouvrière et les opprimés doivent construire leur propre parti. Comme nous l’écrivions dans un article précédent, il est possible de construire un autre type de parti.

L’extrême droite ne sera pas, et n’a jamais été, vaincue par les urnes. L’heure est à la construction d’un parti qui, à l’inverse d’un parti politique qui trahi régulièrement les intérêts des classes populaires, cherche à libérer le plein pouvoir de la classe ouvrière et des opprimés. Chaque moment passé à soutenir un « moindre mal » qui s’attaquera tout de même à la population est un moment perdu pour la construction de l’alternative que nous désirons tous. Pour qu’une alternative politique émerge, il faut commencer à la construire maintenant, et ne pas attendre demain.


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