Des véhicules calcinés, des vitres soufflées, et les flashs rouges et bleus des gyrophares. Une scène qui ressemble à s’y méprendre à celle de l’attentat du 17 février ayant déjà endeuillé Ankara. Cette fois, ce sont des civils qui ont été visés. 36 morts et une centaine de blessés. Le bilan pourrait encore s’alourdir. Du Sud Est kurde aux grandes villes de l’Ouest (Istanbul, Ankara), la Turquie devient un peu plus jour après jour, le terrain d’une guerre civile menée par un Recep Tayyip Erdogan tyrannique. Les attentats, pour la plupart non revendiqués, faisant planer le doute sur le degré d’implication de la police politique turque, se succèdent mois après mois. Un climat de peur s’abat sur le pays, renforçant le parti au pouvoir (l’AKP, Parti de la Justice et du Développement). Musellement de la presse, répression du mouvement kurde et de la gauche, massacres de civils, arrestation de ses rivaux à droite, plus rien n’arrête Erdogan dans son tournant ultra-autoritaire. Le crime lui profite, une fois de plus.


Les kurdes pointés du doigt

Le bouc-émissaire de cette situation est le peuple kurde. On le rappelle, malgré l’absence de revendications, les autorités turques prétendent connaître l’identité des terroristes et avoir arrêté une dizaine de leurs complices, tous kurdes. Pêle-mêle, le PKK, mais aussi le PYD (sa branche en Syrie) et enfin l’obscur groupe des « Faucons du Kurdistan » sont dénoncés par le pouvoir, qui leur promet… la guerre. Après avoir bombardé le Rojava (la région autonome kurde dans le Nord syrien) lors de l’avancée de l’armée d’Assad sur Alep, c’est la base de Kandil et ses environs, fief du PKK en Irak, qui sont ciblés par les avions de chasse turcs. Ces actions sont les plus médiatisées, et relayées dans la presse internationale.

Mais derrière le « spectaculaire » balai des chasseurs et des bombardiers se cache également la sale guerre du président, au sol, dans les villes kurdes de Turquie. Cizre, frontalière de la Syrie, a été « nettoyée » dans le sang par les forces de répression ces derniers mois. Dans le silence aussi. Les journalistes bannis de la zone et la complicité des grandes puissances impérialistes aidant. Aujourd’hui, la crainte de nouveaux crimes de guerre plane sur Nusaybin, Sirnak et Yüksekova, municipalités soumises au couvre-feu et encerclés par près de 20 000 soldats, suivant le mode opératoire cher à Erdogan.

Tant que le président turc, soutenu par l’impérialisme européen et américain, ne sera pas arrêté par le mouvement ouvrier et la jeunesse dans sa folie meurtrière, la Turquie risque de s’enfoncer plus profondément dans un scénario de guerre civile ouverte.