Le rendez-vous avait été donné tardivement, notamment en raison de l’annonce assez précipitée du démantèlement de la jungle de Calais cette semaine : tout le week-end, les réseaux militants ont mobilisé leurs membres pour protester à leur manière contre le démantèlement de la « jungle » de Calais. En effet, ce démantèlement, loin de régler le « problème migratoire » ne fait que l’aggraver en déplaçant par la force des milliers de migrants qui ont déjà traversé des zones de guerre, des frontières gardées par des militaires, des océans et des mers. « Paris, Calais, solidarité » ; « So-so-solidarité avec les réfugiés » ont pu résonner rue des Pyrénées, près de la porte de Vincennes, devant l’annexe toute neuve du ministère de l’intérieur.

Diverses organisations étaient particulièrement représentées, notamment le NPA et son secteur jeune, ainsi que les porte-paroles Christine Poupin et Philippe Poutou, mais aussi des militants de Solidaires étudiant-e-s, d’Alternative Libertaire ainsi que de la Coalition Internationale pour les Sans Papiers et les Migrants (CISPM). Divers slogans ont animé le rassemblement, qui cherchait avant tout à attirer l’attention sur les raisons véritables de ces démantèlements : « les frontières, c’est l’arme des patrons, liberté de circulation »mais aussi sur la volonté d’en finir avec l’emprisonnement des migrants : « pierre par pierre, et mur par mur, nous détruirons les centres de détention ».

A Paris, comme ailleurs, le rassemblement a été très encadré par les forces de l’ordre : quatre fourgons de gendarmes mobiles dès le départ, renforcés très rapidement par une quinzaine de fourgons de CRS, qui ont vite nassé le rassemblement. Il s’agissait bien de montrer qu’à Calais comme à Paris, toute personne qui s’opposerait à cette Europe-forteresse serait durement réprimée. L’encadrement jurait avec celui, beaucoup moins spectaculaire, des manifestations illégales de la police, qui ont pu toute la semaine défiler arme à la main dans leurs voitures de service, ce qu’ont fait remarquer les manifestants aux bleus venus les encadrer : « nous aussi, on veut manifester, sur les Champs-Elysées » ont pu entonner, le sourire au lèvres, les personnes présentes. Quant à Rennes et Nantes, les forces de l’ordre se sont opposées à toute manifestation publique, empêchant les manifestants de marcher vers la préfecture à Rennes, tandis que la BAC fouillait les manifestants nantais.