Ceci est un cas témoignant des violences sexuelles qui sévissent au sein de la classe politique. Pas parce que ce sont des faits qui sont passés inaperçus du point de vue de Baupin, pas seulement parce que les femmes en question n’ont pas porté plainte au moment des faits, mais parce qu’une tapée de gens étaient au courant pour des pratiques qui se poursuivaient depuis 20 ans. On ose à peine imaginer le climat de confiance régnant au boulot après ce repas des dirigeants des Verts en 1999 pour une jeune militante anonyme : Denis Baupin commence à lui faire du pied sous la table jusqu’à l’entrejambe. Après manger, il prétexte un fax pour l’attirer dans son bureau, lui saute dessus pour l’embrasser « par tous les moyens ». Elle se débat et croise plusieurs cadres du parti en partant, en pleurs, affolée, selon les termes de Jean-Claude Biau ancien membre du collège exécutif. Conclusion : tenez-vous bien : en bons gentlemen, ces messieurs la raccompagnent à l’hôtel et ne reparlent plus jamais de « l’incident ».

Sans crier gare, il se met à caresser la nuque d’une collaboratrice, Laurence Mermet, en 2001. Elle le repousse fermement et il ne tente plus rien par la suite. En 2012, lors des campagnes pour les législatives, il fait la bise à une jeune militante EELV lors d’une conférence de presse en lui mettant la main gauche sous le sein droit. Elle s’écarte immédiatement (« Ça va pas Denis ? ») et il se justifie d’un « c’est pour faire réagir ton compagnon ». Ah, mais bien sûr, si c’était pour faire réagir son compagnon, il n’y a pas de problème. Quittons une seconde le monde de Denis Baupin, au sein duquel il se considère visiblement comme un prédateur en chasse, en concurrence évidente avec des hommes de moins de 30 ans.

Comment juger ceux qui ont fermé les yeux ? Ou ceux/celles qui sont rentrés fiers de leur journée de travail après avoir osé dire « Denis, n’y va pas trop fort avec les stagiaires, tu exagères ! » La presse a dévoilé en partie le sexisme qui règne au sein de la classe politique, mais ces situations sont courantes dans cette société patriarcale emprunte de sexisme, ou les agressions sexuelles sont traitées au rang de fait divers. Dans l’entreprise, il n’est pas rare de rencontrer ce type de personnalités, connues de tous, dénoncées par personne. La liste des plaintes s’allonge, elle n’est peut-être pas encore achevée. Et pourtant aucune de ces femmes n’a porté plainte. Selon l’INSEE, ce sont 9 cas de violences sexuelles sur 10 qui ne font pas l’objet d’une plainte. A noter, quand les femmes osent parler, après de longue années de souffrances, il y a prescription pour la majeure partie des faits. Le manifeste signé par les 17 ministres reconnait, dans le même ton, que toutes ont vécu ou assisté à des choses similaires. Pourtant aucune plainte alors et aucun nom aujourd’hui non plus. Cela montre à quel point la pression opérée par le milieu était forte, pour oser sortir de ce silence. Ces nouveaux témoignages ne viennent que confirmer une fois encore le sexisme et les agressions sexuelles qui règnent dans la classe politique, mais plus largement de cette société patriarcale, ou le sexisme ordinaire règne.