Communiqué des étudiants du campus de Wits en Afrique du Sud

Le gouvernement a reculé jusqu’aux 0%. Qu’il soit connu que nous n’en sommes pas satisfaits. Nous attendons encore une réponse concernant la fin de l’externalisation dans les universités, et l’éducation gratuite. Il y a une raison pour laquelle nous avons décidé de ne pas participer au rendez-vous avec le président hier : ces enjeux ne sont pas négociables, ils sont cruciaux pour reprendre pleinement en main et pour décoloniser nos universités, qui sont de véritables microcosmes de la société. Nos revendications étaient très claires, il n’y avait aucune raison pour en discuter autour d’une tasse de thé !

Camarades, depuis trop longtemps nous acceptons un système qui exclut perpétuellement les plus pauvres des pauvres du système d’enseignement supérieur. Depuis trop longtemps nous avons permis à des conseils blancs comme neige de nous dicter sans pitié notre mode de vie, comment on doit manger, comment on doit étudier et ce qu’on doit étudier. Camarades, depuis trop longtemps nous laissons les programmes et le monde universitaire inchangés, nous laissons nos universités être gérées comme celles de New York ou de Londres. Cette semaine nous avons affirmé que notre université est africaine. A travers les blocages nationaux, la manifestation à la Luthuli House, la fermeture du Parlement au Cap, nous avons démontré que nous sommes prêts à nous réapproprier vraiment notre pays et faire l’histoire. 0% n’est pas une victoire sans un engagement pour l’éducation gratuite maintenant.

Camarades, nous avons négligé nos mères et nos pères, maltraités par la sous-traitance, sur notre campus et sous nos propres yeux. Chaque jour Mam Deliwe, Mam Zodwa et camarade Matthews et beaucoup d’autres sont à nos côtés contre l’augmentation des droits de scolarité, que fait-on pour eux ? Depuis trop longtemps les jeunes de ce pays sont marginalisés et maltraités tout simplement parce qu’ils sont nés pauvres. Amilcar Cabral a dit de ne pas mentir et de ne pas revendiquer de victoire facile. Certains diront que cette victoire leur appartient, mais non, cette victoire appartient aux étudiants et personne d’autre. Surtout pas ceux qui se sont assis à la table avec le président !

Camarades, lorsque nous avons commencé mercredi, on nous a traité de barbares, pire encore on nous a menacés avec des armes à feu, des couteaux et du gaz lacrymogène. On nous a dit de retourner au zoo, des étudiants blancs privilégiés nous ont fauché avec leurs voitures, et l’université se souciait plus de leurs voitures que des étudiants blessés !

Personne ne devra oublier que c’est nous, étudiants, qui sommes restés résolus et déterminés dans notre engagement pour l’éducation gratuite. Ce n’est pas seulement pour nous ou pour l’année prochaine, c’est un héritage pour les générations à venir.