Rétropédalage des centrales syndicales face à la colère qui monte

Les négociations pour boucler des accords de productivité d’ici à début janvier ne sont donc pas prêtes de reprendre. Et il s’agit bien là du minimum syndical, alors que les grévistes d’Air France subissent depuis des semaines lynchages médiatiques et répression féroce. Aux 6 salariés déférés devant le parquet s’ajoute 18 mises à pied, dont six à titre conservatoire sans solde après l’affaire de la chemise du 5 octobre dernier.

Alors que la reprise des négociations avait été annoncée pendant que le lynchage médiatique battait son plein et que les premières sanctions pleuvaient sur les salariés d’Air France, les différentes manifestations de solidarité, les prises de paroles défendant les salariés et exigeant le retrait des sanctions, de Jean-Luc Mélenchon à Xavier Mathieu, en passant par Olivier Besancenot, ont clairement influé sur la stratégie de l’intersyndicale. Tandis que les centrales qui la composent ont eu pendant des semaines une posture plutôt hésitante, le rapport de force a fini par imposer un préalable à la reprise des négociations : le retrait immédiat des procédures disciplinaires. Il faudrait par ailleurs faire de même pour ce qui est des plaintes déposées en pénale à l’encontre de 6 salariés.

Une nouvelle journée de mobilisation prévue le 19 novembre

L’intersyndicale a indiqué, dans son communiqué, qu’une « réunion d’une commission parlementaire exceptionnelle sur la situation d’Air France composée de membres des commissions des Affaires sociales, Affaires économiques et Transport de l’Assemblée Nationale » aura lieu le 4 novembre prochain. Un appel à la mobilisation « le 19 novembre, devant le Siège d’Air France, à l’occasion de la prochaine session du CCE » a également été lancé. Il s’agit d’une bonne nouvelle, qui témoigne de la volonté de la part de la base de poursuivre la lutte. L’annonce des bénéfices trimestriels historique du groupe ne risque pas d’atténuer la colère grandissante… De plus, le bruit d’une grève pendant la COP21, la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques qui se tiendra à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015, se fait de plus en plus consistant ces dernières semaines. Il s’agirait d’une formidable réponse de classe alors que la France vient d’annoncer le retour des contrôles des frontières afin d’empêcher la venue de militants étrangers pour l’événement.

Après avoir été le symbole d’un retour relatif de la radicalité ouvrière, les salariés d’Air France peuvent être les pionniers d’une convergence des luttes, au-delà des questions purement économiques. A ce titre, la COP 21 offre un terrain propice à une prise en main de questions politiques, en lien avec leurs conditions d’exploitation, de la part de salariés. L’appel à une journée de grève et manifestation à l’AP-HP pour le 17 novembre finit de dessiner le tableau d’un climat social qui se réchauffe et où les possibilités de convergence se multiplient.