Cet appel à la grève est le fait du Syndicat des pilotes d’Air France (SPAF, 21%) et d’Alter (non représentatif), syndicats navigants minoritaires à Air France. Le syndicat majoritaire chez les pilotes, le SNPL a refusé d’appeler à la grève, alors que des membres de son syndicat étaient présents lors du rassemblement au siège le 5 octobre — rassemblement qui a entraîné ces licenciements immédiats. Au sol, la Confédération générale du travail (CGT), Force ouvrière (FO) et l’union syndicale Solidaire (SUD)-Aérien appellent par contre à des arrêts de travail pour le 2 décembre.

Au total ce sont cinq salariés au sol d’Air France qui sont sous le coup d’une procédure de licenciement, et qui sont convoqués le 2 décembre au tribunal correctionnel de Bobigny pour des faits de « violence en réunion ». Tout le monde se souvient des images du 5 octobre au siège d’Air France, où le DRH qui annonçait 3000 licenciements avait été pris dans la bousculade et y avait perdu sa chemise.

Quatre d’entre eux travaillent dans la branche cargo d’Air France, qui a connu de sévères restructurations ces dernières années : ses effectifs ont été réduits de 40% et sa flotte est passée de 11 à 2 avions. En réalité, il n’y a aucune preuve contre eux, si ce n’est leur présence au rassemblement, l’accusation se basant sur les vidéos tournées par les journalistes. Le dossier est tellement vide qu’on a dû créer de fausses preuves. Ainsi, c’est à un vigile qu’on a confié le rôle de victime d’une « agression », il aurait identifié un de ses « agresseurs ». On leur reproche d’avoir poussé le DRH ou de l’avoir attrapé par le col.

Des faits graves, donc ! Alors que la qualification de violence en réunion permet au procureur de requérir jusqu’à 3 ans de prison et 45000 euros d’amende ! Les 5 salariés ont été placés en prison pour une garde à vue.« On a été les chercher chez eux à 6heures du matin, devant leur famille, devant leurs enfants et on a fouillé leur maison », expliquait le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.

Une large intersyndicale appelle donc à un rassemblement mercredi devant le tribunal de Bobigny et à une « démonstration pacifique » le lendemain au siège, mais sans que tous les syndicats soient présents et sans organisation d’un mouvement de grève durable et reconductible. L’intersyndicale exige « l’arrêt immédiat des poursuites judiciaires et des procédures de licenciement totalement injustifiées ». Rappelons que onze salariés qui sont accusés d’avoir participé à l’enfoncement du portail d’accès le 5 octobre font l’objet d’une mise à pied sans solde de 15 jours.

Le parquet de Bobigny explique ainsi sa décision de la convocation des 5 d’Air France : « L’objectif est d’avoir l’ensemble des mis en cause en même temps en audition pour éviter tout risque de concertation, ce que ne garantit pas une simple convocation. » Un argument ridicule, comme si les salariés ne pouvaient pas se concerter sur une version commune entre la garde à vue et la convocation.

Les salariés convoqués le 2 décembre passeront en jugement l’an prochain, car le gouvernement a bien trop peur d’un véritable mouvement social « à chaud » en pleine COP21, alors que l’état d’urgence lui permet d’intimider et de réprimer toute personne qui voudrait défendre son emploi ou ses conditions de travail — par exemple à l’AP-HP.

Le rassemblement aura donc lieu ce mercredi 2décembre à 12h au Palais de justice de Bobigny (173 avenue Paul Vaillant Couturier - Métro Bobigny-Pablo-Picasso ; Tram Libération).

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