“LA MORT D’ADAMA TRAORÉ NOUS CONCERNE TOUS” {}

Nous, artistes, sportifs-tives, comédien-nes, écrivain-es […] considérons que la mort d’Adama Traoré n’engage pas seulement ses proches mais l’ensemble de notre pays, de notre société.” L’appel signé par de nombreuses personnalités françaises commence ainsi. Cette tribune sort une dizaine de jours après que Théo un jeune de 22 ans ait été violentée, agressée sexuellement par les forces de police. Le message de cette tribune ? Le meurtre d’Adama puis l’agression sexuelle de Théo ne sont pas des “bavures”, des “accidents”, des “actes isolés” mais les “illustrationsjour après jour de l’impunité de certains gendarmes et policiers en France”.

La tribune revient ensuite sur les circonstances de la mort d’Adama Traoré et sur l’ensemble du traitement médiatique et judiciaire de l’affaire : “déclarations contradictoires des autorités, tentatives de salir la mémoire de la victime, dissimulation de son corps, escamotage des rapports médicaux, mensonges des forces de l’ordre, pressions sur la famille, intimidations des habitants”. Le constat est clair : “les pouvoirs publics ont manifesté une partialité constante pour éclipser les actes qui ont conduit à la mort d’Adama”. Du côté de la mairie ? “La maire de la ville n’a cessé d’entraver les sollicitations de la famille. Refus d’autoriser une marche blanche au lendemain de la tragédie, obstruction aux demandes d’entretien de la mère et des frères et sœurs d’Adama, absence de visite sur place et, après chaque manifestation de soutien, extinction de l’éclairage public nocturne dans le quartier.” Et l’Etat ? “le ministre de l’Intérieur n’a jamais eu un mot, ne serait-ce que de compassion, à l’égard de la famille.”

Un rappel qui revient sur ce qui mois après mois à mobiliser des milliers de personnes exprimant leur colère dans la rue et leur soutien à la famille Traoré. Des mobilisations “sans précédents” pour exiger la justice et la vérité pour Adama, des manifestations porteuses de messages politiques forts : stop à l’impunité de la police, aux violences policières, au racisme, au permis de tuer, aux contrôles aux faciès.

Publié sept mois après la mort d’Adama, 10 jours après l’agression de Théo, cet appel montre que l’affaire Adama ne risque pas d’être entérrée de si tôt. “les violences des forces de l’ordre de sont pas des faits isolés.”. Elles sont quotidiennes, violentes, répétées. Et sont invisibilisées, tues, impunies. Doit- on rappeler le nombre de non-lieux prononcés suite à des cas de violences policières ? L’appel s’inscrit dans la ligne du combat menée par Assa Traoré, la soeur d’Adama et sa famille depuis juillet : “C’est une affaire d’Etat”. Et la lutte contre les violences policières et l’impunité doit être “notre affaire à tous”.