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Les faits se sont déroulés pendant l’inauguration d’une galerie d’art, à Ankara, la capitale turque. « Pendant que l’ambassadeur faisait un discours, un homme grand, portant un costume, a tiré d’abord en l’air puis a visé l’ambassadeur », selon le correspondant du quotidien Hurriyet à Ankara. L’homme aurait également parlé de vengeance à propos d’Alep, ville bombardée par les forces du régime syrien avec la complicité des milices iraniennes, libanaises et de l’aviation russe. Le maire d’Ankara a précisé, de son côté, que le tireur présumé est un policier.

L’évènement pourrait être considéré à Moscou comme une preuve de l’hostilité de la Turquie à l’égard de la Russie. Ceci compromettrait les débuts de coopération stratégique entre ce pays et la Turquie, initialisée et poursuivie aujourd’hui par Recep Tayyep Erdogan. Cet incident, en effet, a lieu à la veille d’une réunion d’importance à Moscou entre les ministres des Affaires étrangères russe, iranien et turc au sujet du cessez-le-feu à Alep.

Certains médias proches du régime accusent les séparatistes kurdes, mais il est difficile de voir quel serait leur profit. Il n’est pas à exclure, en revanche, que l’opération ait été pilotée par la CIA dans l’espoir de provoquer un refroidissement, sinon une rupture, des accords turco-russes. L’assassinat n’a rien d’anecdotique et pourrait avoir des répercussions très importantes dans une aire géographique déjà profondément instable. Plusieurs observateurs et spécialistes de la région à l’instar de Trita Parsi ou Bill Kristol n’ont pas hésité à comparer l’épisode à l’assassinat de l’archiduc autrichien Franz Ferdinand à Sarajevo en juin 1914, événement qui a déclenché la Première Guerre mondiale.