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Bénis non-non ?

Bénédiction des couples homosexuels. Désunion chez les protestants français

Pierre Reip La branche « historique » du protestantisme français, l’Eglise Protestante Unie de France (EPUdF), a ouvert en mai 2015 la possibilité de bénir les unions des couples de même sexe. Cette décision a été mal perçue par une partie des protestants français, notamment au sein des courants évangéliques. Dimanche dernier, lors de l’Assemblée générale de la Fédération Protestante de France (FPF), qui regroupe la plupart des courants du protestantisme hexagonal, les tensions étaient palpables.

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Alors que dans Rome les cathos se mobilisent contre l’union civile des couples homosexuels avec le « Family Day », les protestants français se déchirent autour de la question de la bénédiction de mariage. Minorité persécutée en France jusqu’à la Révolution de 1789, les protestants ont souvent été rangés dans le camp « progressiste ». Ils avaient été des fervents défenseurs de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905 et reconnaissent depuis 1966 aux femmes le droit d’être pasteur, à l’égal des hommes.

Il existe cependant aujourd’hui d’importantes disparités au sein de cette confession dans laquelle se reconnaissent 2% des Français. Si le vote des « protestants réformés » (courant historique du protestantisme français, dans la tradition calviniste) reste plutôt ancré à gauche, le vote des évangéliques (courants nés à partir du XIXe siècle) est plus clairement marqué à droite. Il en va de même pour celui des protestants d’Alsace et Lorraine, où, rappelons-le, l’Eglise n’est toujours pas séparée de l’Etat. La tendance semble aller vers une droitisation du vote protestant, puisque le nombre de réformés diminue chaque année, tandis que les courants évangéliques progressent. La naissance d’un courant opposé à la bénédiction, « Les Attestants », le 16 janvier dernier au sein même de l’EPUdF, rappelle l’existence de courants conservateurs au sein des « Luthéro-réformés ».

Chez les protestants, le mariage n’est pas considéré comme un « sacrement ». Il n’existe donc pas de « mariage religieux » comme chez les catholiques. Le mariage est considéré comme un acte civil, qui peut faire ensuite l’objet d’une bénédiction lors d’un culte. C’est pourquoi on parle de « bénédiction de mariage ». Avec l’instauration du mariage pour tous, un débat s’est ouvert au sein de l’EPUdF. Les discussions qui se sont tenues dans toutes les paroisses ont abouti au Synode de Sète, qui en mai 2015 a ouvert, par un vote à 96%, la possibilité de bénir tous les couples, quelque-soit leur orientation sexuelle. Ce vote massif n’était pas vraiment surprenant quand on sait qu’en Suède par exemple, des pasteurs bénissent depuis 2001 des couples de même sexe, avant même que l’égalité face au mariage n’ait été instaurée dans le pays par une loi votée en 2009. La décision du Synode de Sète n’avait en plus rien de sulfureux, bien au contraire, puisqu’elle laisse la possibilité à chaque paroisse de statuer sur la question.
Pourtant des voix se sont élevées pour contester cette décision, allant même, en désespoir de cause jusqu’à incriminer le vote à main levée lors des Synodes. Certains évangéliques refusant carrément de partager une Sainte Cène avec des pasteurs bénissant des couples homosexuels comme le rapporte l’hebdomadaire Réforme.

Ces dissensions révèlent que même cette confession souvent jugée comme « progressiste » n’est pas épargnée par l’homophobie. À cet égard, on ne pourra que déplorer la timidité des instances du protestantisme à appeler « un chat un chat » et à dénoncer ouvertement les prises de positions les plus crasses, au nom du « dialogue ».


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