Isolée et sans communication, sans possibilité de montrer la brutalité des bombardements, les destructions, les morts et les blessés : Gaza est plongée dans le noir. Lundi dernier, le gouvernement de Gaza estimait avoir été la cible de plus de 12 000 tonnes d’explosifs depuis le 7 octobre dernier, « ce qui équivaut à la puissance de la bombe atomique larguée par les Etats-Unis » selon ses dires. Les quelques images qui nous proviennent des réseaux sociaux ou de la frontière égyptienne depuis vendredi soir laissent imaginer un massacre sans précédent, une escalade absolue dans l’horreur.
Dans la soirée, la société de télécommunication palestinienne Paltel avait annoncé la « coupure complète » des services de communications, de téléphone et d’Internet dans la bande de Gaza en raison des bombardements. Une coupure totale intervenue peu de temps après que le porte-parole de l’armée israélienne, le contre-amiral Hagari, ait annoncé intensifier « d’une manière très significative » les frappes sur le nord de la bande de Gaza et « étendre » les opérations terrestres. Le gouvernement d’extrême-droite d’Israël a décidé de plonger Gaza dans le noir et de masquer les Gazaouis au reste du monde, puis de les massacrer.
« L’armée israélienne travaille intensément dans toutes les dimensions pour atteindre les objectifs de la guerre » a expliqué un porte-parole de Tsahal. « Nous avons franchi une nouvelle étape dans la guerre » s’est félicitée l’armée israélienne samedi matin. Pour l’heure, difficile de savoir ce que cette « nouvelle étape » signifie réellement.
Au petit matin, l’armée israélienne a annoncé avoir frappé 150 cibles souterraines et selon des journalistes de l’AFP positionnés dans le secteur, les bombardements se poursuivaient samedi. L’envergure des attaques aériennes, maritimes et incursions terrestres reste pour l’heure délicat à mesurer. Selon Le Monde : "l’« extension » décrite semble se référer à deux opérations menées dans les vingt-quatre heures précédentes au cours desquelles ont eu lieu une attaque terrestre d’une unité à bord de blindés, et une opération par la mer."
Des combats au sol, désormais, semblent donc avoir lieu. L’opération terrestre de grande ampleur annoncée par Tsahal le 14 octobre dernier ne paraît cependant pas être complètement d’actualité, même si cela pourrait être une question d’heures ou de jours.
« Je ne crois pas qu’il faille s’attendre dans l’immédiat à une invasion terrestre avec quatre ou cinq divisions. Dans un premier temps, les incursions ponctuelles auront pour mission de frapper le Hamas mais aussi de collecter du renseignement, en vue de frappes sur leur réseau de tunnels, ou encore de localiser des otages. En fait, il est possible de dire que l’opération, sous cette forme, a déjà commencé. » explique une source proche des milieux sécuritaires israéliens au Monde
Depuis plus de deux semaines, un contingent israélien constitué de groupements tactiques avec chars et transports de troupes blindés avait été positionné le long de la frontière avec Gaza. Samedi matin, le Hamas a évoqué la tenue de combats dans le nord-est de l’enclave, à Beit Hanoun, et dans la partie centrale, vers Bureij. « Les Brigades Ezzedine Al-Qassam et toutes les forces de résistance palestiniennes sont prêtes à faire face avec toute leur force aux incursions d’Israël », conclue l’organisation islamiste dans un communiqué. A 9h45, l’armée israélienne a annoncé être encore présente dans la bande de Gaza.
Le gouvernement gazaoui a annoncé en fin de matinée, que les bombardements nocturnes avaient « changé les paysages » du nord de la bande de Gaza. Les organisations humanitaires ont averti de leur côté avoir perdu tout contact avec leurs personnels sur place et mis en garde à propos de la multiplication de crimes de guerre. Le Croissant-Rouge palestinien a accusé Israël d’avoir « coupé toutes les communications fixes, mobiles et internet » et ajouté « que cette perturbation concerne les numéros d’urgence et complique encore le travail des ambulanciers ». L’organisation a expliqué craindre pour ses équipes à Gaza, ciblées par des frappes israéliennes.
Un bain de sang qui pourrait encore s’aggraver. Vendredi-matin, un porte-parole de l’armée israélienne a annoncé que Tsahal avait localisé le commandant principal du Hamas sous l’hôpital Shifa, le plus grand de Gaza. Une menace à peine voilée qui pourrait annoncer un nouveau scandale humanitaire. Dans les heures ou jours à venir l’incursion terrestre pourrait s’intensifier. Une chose est sûre, lorsque Gaza retrouvera la lumière, le monde aura face à lui un champ de ruines et d’horreurs.
