Alors que l’intersyndicale n’a pas organisé de journée de mobilisation depuis plus d’un mois, ce mardi pourrait acter la fin du mouvement contre la réforme des retraites du côté de la CFDT. « Sur le sujet des retraites, c’est sans doute une des dernières journées de mobilisation » a déclaré en ce sens Laurent Berger mardi matin sur le plateau de BFM TV. Quelques heures plus tard, devant l’Assemblée nationale, le secrétaire national de la CFDT a été plus explicite encore.

« C’est la dernière manifestation sur la question des retraites dans ce format-là. » a-t-il expliqué avant d’annoncer sa volonté de tourner la page des retraites, notamment pour renouer avec le « dialogue social ». « On ne va pas se raconter des histoires. Il va falloir qu’on cultive la colère qui s’est exprimée pour travailler sur la question des salaires, du travail, du pouvoir d’achat et du dialogue social. » Une façon d’envoyer un signal clair quant à la stratégie de l’intersyndicale pour les prochains mois.

Au matin d’une journée appelée plus d’un mois après le 1er mai, laissant ainsi un délai énorme utilisé pour reprendre le chemin de la table des négociations avec Borne et le patronat, la direction de la CFDT assume explicitement sa volonté de tourner la page des retraites en faveur du « dialogue social ». Un discours qui témoigne de l’hypocrisie du dernier communiqué de l’intersyndicale, élargissant les revendications du mouvement, et des déclarations affirmant que les directions syndicales souhaiteraient passer à « l’offensive ».

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Comme le laissait déjà présager l’attitude vis-à-vis du gouvernement ces dernières semaines et la rencontre de ce lundi avec le patronat, l’heure est au retour à la « normale », et ce sans bilan des derniers mois. En effet, alors que la mobilisation a démontré que seul un rapport de forces dur, par une grève reconductible généralisée, pouvait faire reculer Macron, c’est l’inverse que prône la CFDT, plaçant ses espoirs dans un très illusoire dialogue avec le patronat et le gouvernement.

Une attitude à rebours de la construction d’un plan de bataille pour préparer la suite du mouvement. Celle-ci impliquerait d’élargir les revendications à la question des salaires, en s’appuyant sur les grèves en cours, marquées par des tendances à la reconductible, et de chercher à construire la perspective d’une grève reconductible généralisée.

Il est plus que jamais urgent de tirer les bilans de l’attitude de l’intersyndicale depuis le début du mouvement et d’imposer une autre stratégie pour affronter les mois à venir. C’est ce que soulignait notamment Alexis Antonioli, de la CGT Total de la plateforme de Normandie à l’occasion du barbecue de la victoire des Vertbaudet.

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