×

Cinéma

« Carol ». Passion et normes sociales sur grand écran.

Après s’être vu décerné la Queer Palm ainsi que le Prix d’interprétation féminine (décerné à Rooney Mara) au festival de Cannes de 2015, le film « Carol » est sorti dans les salles mercredi dernier. Inspiré d'un roman du même titre de Patricia Highsmith, publié en 1952, le sixième long métrage du réalisateur Américain Todd Haynes est sans conteste une réussite. Olivia Zinsou

Facebook Twitter

En plein cœur de la société New-Yorkaise des années 50, le film dresse un tableau en velours de l’histoire d’amour entre deux femmes. Thérèse (Rooney Mara), jeune vendeuse de jouet stagiaire dans un grand centre commercial, qui rêvait déjà à l’âge de quatre ans d’avoir un train plutôt qu’une poupée à Noël. Et la séduisante Carol (Kate Blanchet), riche bourgeoise presque deux fois plus âgée qu’elle, épouse au foyer en instance de divorce avec un mari qui l’aime mal, et mère intérieurement déchirée par la bataille qui les oppose tous deux pour la garde de leur ravissante fillette. Le premier regard échangé au milieu de la cohue des magasins de jouets à l’approche de Noël signe les prémices d’un amour qui ne cessera de s’ancrer plus en profondeur. Il bouleversera la vie de Thérèse, vie qui ne commencera réellement qu’à partir de ce jour et qui sera marquée par une volonté d’ascension sociale en puissance, influencée inconsciemment par son ainé. Pleinement sûre d’elle, Carol participera tout au long du film à l’acceptation de l’attirance sexuelle et au dépassement des barrières psychiques et sociales de sa jeune protégée pour qui elle est un modèle.

  •  He (My husband) doensn’t want me to smoke.

    - So ? You like it.

    [ - Mon mari ne veut pas que je fume

    - Et alors ? Tu aimes ça.]

    Cette dernière phrase, prononcée avec nonchalance par Carol à une connaissance dont elle allume la cigarette, reflète parfaitement sa volonté émancipatrice, en lui suggérant que ce n’est pas parce que son mari ne veut pas qu’elle le fasse qu’elle ne doit pas le faire, ou que son envie devrait cesser.

    Les 120mn du film ne sont pas dédiées à relater la passion amoureuse liant les deux femmes, mais bien plus le chemin qui mènera les deux héroïnes à celle-ci. Le goût n’est pas au suspens, mais bien plus à la progression. De plus, si la priorité du film n’est pas non plus donné au voyeurisme, sa grande pudeur ne l’empêche en rien d’être doté de scènes très érotiques, allant de la « déposition » de gant en cuir sur un comptoir, d’une main frôlant l’épaule, à un peignoir qui lentement se dénoue...

    « People like this »

    L’homosexualité étant encore considérée à cette époque comme une pathologie que l’on devait nécessairement soigner, voici donc comment sont caractérisés les hommes qui tombent amoureux d’hommes, ou les femmes qui tombent amoureuses de femmes, lorsque ce sujet tabou peut-être évoqué. Ou plutôt la seule fois où il ne sera pas étouffé par le silence de la gêne, ou encore totalement détourné. C’est à cette source que le film puise toute sa force : l’intolérance. Force de l’auteur aussi, qui la dénonce précisément, en suggérant que les passions s’inscrivent au-delà de la norme, une norme qui ne reflète finalement que le produit d’une construction sociale.


  • Facebook Twitter
    Journée de lutte contre les LGBTphobies le 17 mai : construisons la riposte trans et féministe !

    Journée de lutte contre les LGBTphobies le 17 mai : construisons la riposte trans et féministe !

    « Transmania » chez les réactionnaires : que faire face à l'offensive transphobe ?

    « Transmania » chez les réactionnaires : que faire face à l’offensive transphobe ?

    8 mars : non, le collectif Nous Vivrons n'avait rien à faire dans la manifestation !

    8 mars : non, le collectif Nous Vivrons n’avait rien à faire dans la manifestation !

    Témoignage de Judith Godrèche : un éclairage brut sur les systèmes de domination dans le cinéma

    Témoignage de Judith Godrèche : un éclairage brut sur les systèmes de domination dans le cinéma

    Tribune. Plus de 1000 psys, profs et étudiant·es en psycho contre l'offensive transphobe

    Tribune. Plus de 1000 psys, profs et étudiant·es en psycho contre l’offensive transphobe

    25 000 personnes contre l'offensive transphobe : organisons-nous par en bas pour poursuivre le mouvement !

    25 000 personnes contre l’offensive transphobe : organisons-nous par en bas pour poursuivre le mouvement !

    Contre les attaques transphobes et l'extrême-droite, tous.tes dans la rue dimanche 5 mai !

    Contre les attaques transphobes et l’extrême-droite, tous.tes dans la rue dimanche 5 mai !

    Tribune. Attaques contre les droits trans et reproductifs : n'attendons plus, faisons front !

    Tribune. Attaques contre les droits trans et reproductifs : n’attendons plus, faisons front !