Passé absolument inaperçu dans les médias, le Congrès du MRC s’est déroulé les 13 et 14 juin et a reconduit dans ses fonctions un méconnu du grand public, Jean-Luc Laurent, ex-maire du Kremlin-Bicêtre entre 1995 et 2014, ancien très proche de Chevènement et, comme lui, issu du PS. Les socialistes, soit dit en passant, surveillent, eux, de près, les Républicains et Citoyens et les cajolent à qui mieux-mieux. Leurs trois députés au Palais Bourbon sont d’une importance centrale pour Bruno Le Roux, plus encore après la démission du député-frondeur Philippe Noguès, le 24 juin. Mais l’essentiel est ailleurs.

Chevènement reprend sa liberté

A la veille du Congrès, Chevènement, fondateur et président d’honneur du MRC (tout rapprochement avec un autre personnage politique français est absolument fortuit…) a annoncé « reprendre sa liberté » et démissionner, non seulement de ses fonctions, mais également du Mouvement. La raison de cet accès de colère auquel Chevènement est un habitué n’est pas seulement à chercher du côté du fait que sa motion n’a recueilli que 16% des voix des 6000 encartés que compte officiellement le MRC. Ce qui a été mis en minorité, c’est sa stratégie d’organiser un arc de forces souverainistes dépassant complètement la veille distinction droite-gauche et ayant pour ciment la défense de la laïcité hexagonale et un anti-américanisme primaire. Le nouveau combat de Chevènement est, dorénavant, une « alternative républicaine allant de Jean-Luc Mélenchon à Nicolas Dupont-Aignan ».

Droite-gauche aller-retour

A force de voir dans Bruxelles la source de tous les maux de la France et, par ricochet, voir dans l’Hexagone le cadre des résistances à mener, c’est tout naturellement que Chevènement continue à dériver. D’anciens proches, à commencer par Florian Philippot, n’ont pas attendu le dernier congrès du MRC pour rejoindre le FN. C’est d’ailleurs ça, le plus pervers de l’histoire.

La question n’est pas tant que Chevènement, longtemps présenté comme celui qui avait l’aile gauche du PS mais, en réalité, né à la vie politique à l’extrême droite, va finir par y retourner. Ces involutions politiques légitiment et banalisent le discours raciste, xénophobe et nationaliste du FN. Il s’agit d’un autre exemple de la façon dont la seule manière de lutter efficacement contre l’extrême droite passe par l’affrontement de cette « gauche » bourgeoise, souverainiste ou européiste, à commencer par celle qui est au gouvernement et qui, tous les jours, par son discours et ses attaques, alimente la machine lepéniste.