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Expulsion de migrants du Royaume-Uni vers le Rwanda : barbarie néo-coloniale

Dans la course à la surenchère anti-migrants qui traverse l’Europe, le gouvernement britannique a frappé un grand coup. Un peu plus d’une semaine après être passé en force sur la loi permettant d’expulser vers le Rwanda les demandeurs d’asile, l’exécutif de Rishi Sunak a procédé aux premières arrestations.

Nathan Deas

6 mai

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Expulsion de migrants du Royaume-Uni vers le Rwanda : barbarie néo-coloniale

Crédit photo : wikimedia commons

C’est le premier et c’est un symbole. Un réfugié dont la demande d’asile sur le sol britannique avait été rejetée a été expulsé vers le Rwanda mardi 30 avril. Cette semaine, James Cleverly, le secrétaire d’Etat à l’Intérieur, a lancé une vaste opération d’arrestation et de détention des demandeurs d’asile, en vue de leur expulsion vers le Rwanda. Les avions partiront entre le 1er et le 15 juillet.

Après l’adoption du projet de loi prévoyant l’expulsion des demandeurs d’asile à Kigali, le 22 avril dernier, le premier ministre, Rishi Sunak, avait déclaré que « rien ne [pourrait] empêcher » le gouvernement de procéder à des expulsions. Malgré le tollé qu’a suscité cette annonce, notamment chez les ONG qui ont dénoncé de concert une violation du droit international, l’exécutif britannique s’est donc décidé à mettre à exécution son projet barbare.

Sur le chemin de l’ignominie, le parti conservateur n’en est pas à son coup d’essai. Pour les candidats à l’exil anglo-saxon qui auront donc survécu à la mer (depuis 2014 près de 30 000 personnes ont disparu rien qu’en mer Méditerranée selon le décompte de l’Organisation internationale pour les migrations) et se seront échappés des prisons à ciel ouvert de Calais, Samos ou encore Lampedusa, les mesures inhumaines se sont en effet multipliées ces derniers mois. Quelques mois auparavant, Suella Braverman, éphémère secrétaire d’Etat à l’Intérieur, expliquait « rêver […] voir à la une du Telegraph un avion plein de réfugiés décollant pour le Rwanda ». Un « rêve » pour la réalisation duquel, le gouvernement britannique n’a pas lésiné sur les moyens.

Interdictions de demander l’asile pour ceux qui arrivent par la Manche, exclusion des « migrants illégaux » des protections contre l’esclavage moderne dont le Modern Slavery Act de 2015, application rétroactive de ces mesures. En mars 2023, le projet de loi contre l’immigration porté par le gouvernement Sunak repoussait déjà les limites du supportable. En juillet dernier, avec son projet de « barge flottante » (comprendre : prison au large pour migrants), Sunak décidait de les franchir toutes. L’exécutif qui avait chargé « Bibby Marine » de mener à bien de construire ces prisons flottantes ne prenait d’ailleurs même plus la peine de s’en cacher. L’entreprise en question a été fondée au XIXème siècle par John Bibby, un magnat qui avait fait fortune dans le commerce colonial et la déportation d’esclaves.

Une généalogie coloniale indissociable de l’accord britannico-rwandais. Comme pour celui entre l’UE et la Tunisie, le Royaume-Unis compte s’appuyer sur les pays semi-coloniaux pour renvoyer un maximum de migrants hors du continent contre quelques millions de dollars (en l’occurrence plus 300 millions). Paul Kagame, dictateur rwandais, est de son côté accusé par plusieurs ONG de conduire des offensives militaires en République démocratique du Congo pour s’emparer des mines de Coltan, métal utilisé dans certains équipements électroniques. Conflit sur lequel Boris Johnson s’était appuyé en 2022 pour faire ratifier les expulsions à venir par l’exécutif rwandais. Deux aspects qui (re)mettent sous le feu des projecteurs une réalité essentielle : aujourd’hui comme hier les puissances européennes continuent de mettre l’Afrique à feu et à sang. Et à pourchasser sur le sol intérieur ceux qui auraient le malheur de vouloir fuir les pays frappés par la misère et la guerre que l’impérialisme aura attisé.


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