À l’heure d’internet, des réseaux sociaux et de linked’In, on nous ressort le bon vieux « téléfon » comme solution à tout. Dans la lignée de ses politiques sécuritaires, le gouvernement avait lancé l’année dernière un numéro vert pour inciter les bons citoyens à dénoncer leurs parents ou voisins suspectés d’islamisme. En 2016, c’est Xavier Bertrand qui lance le sien pour lutter contre le chômage dans sa région, avec pour objectif affiché de pourvoir d’ici septembre 60 000 emplois sur les 120 000 offres n’ayant pas trouvé preneur.

120 000 offres à pourvoir en Nord-Pas de Calais-Picardie, le chiffre peut faire bondir, dans la région au plus fort taux de chômage de France, avec 27% chez les jeunes. Ce chiffre d’offres non pourvues prête à caution… puisqu’il est fourni par Xavier Bertrand lui-même. Quand on se rappelle ensuite qu’il a été ministre du Travail sous le quinquennat Sarkozy, pendant lequel le chômage est monté en flèche, on a une raison de plus de douter de ses recettes miracles.

Le dispositif « Proch’emploi » mis en place mardi, reprend un numéro déjà existant dans la région Picardie, et propose un service de six standardistes qui prendront des appels de 8h à 18h en semaine. Une goutte d’eau insignifiante face à la centaine d’agences pôle emploi, réparties sur l’ensemble de la région… au plus proche des demandeurs. On se demande bien ce que pourront faire ces six standardistes pour les 400 000 chômeurs inscrits en catégorie A,B,C au 1ER janvier 2016 dans la région. Mais qu’on se rassure : si le service fonctionne, Xavier Bertrand a promis d’embaucher cinq vacataires qui seront peut-être peu ou prou les seuls emplois créés grâce à l’innovation géniale du nouveau président de région.

Entre-temps, ce qui s’installe un peu plus avec cette « fausse-bonne-idée-de-bon-sens », c’est que « not’ bon maître », dirait Jacques Brel, si on s’en rapproche, peut donner du travail. Et que les conventions collectives, ça ne sert pas à grand-chose, si, « de gré à gré », on peut directement traiter avec son patron. On en voit, dans le gouvernement, qui applaudissent des deux mains. Macron et Valls, qui veulent cisailler le Code du Travail, sont au premier rang.