Comment comprenez-vous ce qui est en train de se passer ce soir à la place de la République ?

On est typiquement dans la vision que peut avoir l’État bourgeois de la démocratie sous le contrôle de la police. Il y a un certain nombre de personnes qui se réunissent pour réfléchir à un autre monde, et on trouve le moyen d’entourer la place avec des camions de gardes mobiles et des camions de CRS. On trouve aussi le moyen de faire circuler à l’intérieur de la foule des flics. Tout ça c’est effectivement la volonté de mettre la pression sur les gens. Et de leur dire « attention, attention », la recréation est terminée. Je pense qu’ils crèvent effectivement de trouille. Le projet, c’est que les gens à un moment donné sortent de leur isolement et se rassemblent. Donc ils vont tout faire pour que les gens ne se rassemblent pas. Ça peut passer par des provoc’, des coups de pression comme ça. Par tout l’espèce de lynchage médiatique, et aujourd’hui dans la presse où en gros selon BFM TV, on est une bande de toxicos, on est une bande d’alcoolos, une bande de gens fous. Mais ils ne voient pas tout ce qui est produit par les gens, ils ne voient pas toutes les réflexions, ils ne voient pas toute l’intelligence collective parce que ça leur fout la trouille, eux qui se prétendent experts en tout, qui veulent gouverner tout au nom de leur expertise. Ils ont peur que les gens ici, que l’intelligence collective soit supérieure à leur expertise.

Ce soir, à la place, c’est une atmosphère de résistance. C’est des gens qui disent qu’on vient quand même malgré ce que fait le gouvernement, on vient là quand même, on est là pour continuer. Vous nous intimiderez pas avec cette attitude-là. Nous, on est là, on a remonté une bâche, ils nous interdisent de remonter en dur mais on ne désespère pas, on remontera en dur le jour où le rapport de force sera en notre faveur. Le jour où il y aura encore un peu plus de monde, à un moment donné, on ne perd pas l’espoir. Ce n’est pas un combat qui est destiné à durer trois jours. C’est un combat qui est destiné à durer jusqu’à la victoire.

Que pensez-vous des récentes déclarations de François Fillon concernant le démantèlement de la Nuit Debout ?

Tout à fait, si l’état d’urgence s’applique. Mais il y a plein de trucs, si l’état d’urgence doit s’appliquer à tous les événements, et en premier la Coupe de l’UEFA, alors interdisons la Coupe de l’UEFA en raison de l’état d’urgence, interdisons de rassembler 100 000 personnes, 200 000 personnes, je sais plus si c’est au Champ de Mars, où c’est exactement, interdisons au nom de l’état d’urgence et fouillons toutes les personnes qui rentrent sur la place. Arrêtons un peu les conneries : l’état d’urgence s’applique, comme depuis le départ, par rapport aux revendications. On peut même se poser la question si le gouvernement n’a pas fait exprès de faire passer un certain nombre de lois parce qu’en ce moment il y a l’état d’urgence. Parce que effectivement en ce moment ça allait pouvoir désamorcer les revendications des gens.

Qu’est-ce qui est prévu ce soir ?

En tout franchise je ne suis pas du style « on amène les gens au casse-pipe ». On n’est pas en capacité de tenir la place. On va effectivement continuer à mobiliser. On va partir dans les quartiers, partir un peu partout pour dire aux gens « venez, la République, c’est votre place. Venez avec nous l’occuper ». Et à un moment donné on ne partira plus.