Les deux opposants n’en sont pas à leurs premières querelles électorales, et le pays se souvient douloureusement des précédentes élections. En 2007, la victoire de Kenyatta avait été publiquement contestée par Odinga, et de nombreuses irrégularités du scrutin avaient été jugées par des observateurs internationaux, plongeant le pays dans la violence et la répression policière faisant plus d’un millier de morts et au moins 600 000 déplacé-es. En 2013, Odinga avait déjà porté ses accusations de fraude devant la Cour Suprême qui lui avait alors donné tort, ce dernier continuant de proclamer publiquement que la victoire lui avait été volée en 2007.

Ce 11 Août 2017, Uhuru Kenyatta avait été proclamé vainqueur par l’IEBC avec 54,27% des voix, tandis que son opposant, Raila Odinga, avait vraisemblablement récolté 44,74% des voix. De nombreuses contestations de rue avaient éclaté, faisant de nombreux morts et blessés. Mais depuis que ces résultats sont contestés, la bataille médiatique s’est engagée, Kenyatta traitant les juges de la Cour Suprême d’ « escrocs », contestant leur décision durant un meeting impromptu devant ses sympathisants, dans l’après-midi de ce vendredi premier septembre.

Si cette décision de la Cour Suprême a été saluée très positivement par de nombreux observateurs comme une grande avancée démocratique pour le peuple kenyan, l’instabilité du Kenya, déchiré par de grandes fractures économiques et sociales, n’est pas prête de se résoudre pour autant. Les conditions des nouvelles élections présidentielles sont encore à ce jour très imprécises, et l’opposition de Raila Odinga, bien que majoritairement soutenue par les classes populaires défavorisées du Kenya, vivant pour beaucoup dans des bidonvilles, ne promet à ce jour que peu de réelles perspectives pour le peuple Kenyan.