Nous ne pouvons citer tous les rassemblements. A notre connaissance, à Gonesse, Antibes, Bayonne, Metz, Rennes, Toulouse, Montpellier, en Alsace, à Bordeaux, Nantes et bien d’autres ailleurs qui ne nous ont pas été signalés, se sont rassemblées plusieurs milliers de personnes depuis une semaine. Qui, pour occuper un consulat turc, qui, pour bloquer le départ d’un avion turc dans un aéroport, faire un sit-in dans un lieu public symbolique de « justice »… Et bien sûr dans d’autres pays européens, et même aux USA.

En de nombreux endroits il y a eu des répressions policières, État d’urgence oblige, mais de façon majeure, en deux endroits, le gouvernement français a fait du zèle.

A Paris, ce sont plusieurs appels cette semaine, qui ont mobilisés successivement des centaines de personnes, jusqu’à un millier parfois. Ces rassemblements se sont heurtés à un mur policier et ont subi dispersion et gazages. Les intérêts de la Turquie en France sont bien protégés.

Dans une conférence de presse depuis, des personnes qui avaient été arrêtées lundi ont témoigné des injures racistes et sexistes dont elles ont été victimes de la part des « protecteurs des citoyens » tant chéris en ce moment.

Mais comme c’est à côté de chez nous (l’équipe logistique de Kedistan), nous voudrions un peu nous arrêter sur les « terroristes » de Nantes.

De quoi parlons nous exactement… D’une riposte légitime et indignée, de manifestations de colère contre des assassinats, qu’un tribunal finira par qualifier un jour de "crimes de guerre" ou de « crimes contre l’humanité ». Nous parlons aussi d’une guerre contre des civils, menée à coup de slogans« génocidaires » proférés par les forces armées et les mercenaires qui la mènent. Nous demandons des comptes sur le silence européen qui accompagne ces crimes, et les accusations de « terrorisme » portées contre les victimes et celles et ceux qui les dénonce.Et dans le cas où cela ne suffirait pas, allez donc voir sur les réseaux sociaux ce qui circule aujourd’hui, preuves de crimes et tortures commis contre des femmes à Cizre et ailleurs par les mercenaires…

Voilà qui devrait instaurer le respect face aux lanceurs d’alerte, et le soutien large des défenseurs des droits de l’homme et du Bataclan réunis…

Eh bien, le Parti de gouvernement français en a décidé autrement, et son Préfet à Nantes, fief municipal « socialiste » soutenu par le PCF et EELV, a lancé les forces de police contre les quelques centaines de manifestants. S’agissaient -ils des dangereux terroristes que dénoncent Erdogan et Valls de concert ? Y auraient-il eu dedangereuxzadistes de NDDL glissés parmi eux en quête de mauvais coup ? Sans doute, puisqu’à l’issue de la manifestation l’ensemble des forces politiques locales qui se disent de gauche n’ont pas apprécié « les violences d’où qu’elles viennent ». Violences de femmes, d’hommes et d’enfants en colère ? Et pourtant, la manifestation s’est pourtant poursuivie ailleurs dans le calme, puisque l’approche du Consulat Turc avait suscité l’intervention de la police.

Nous sommes obligés là de relever une incohérence criante… Alors que le PCF a publié un communiqué de soutien signé de Pierre Laurent, son propre parti, localement sans doute gagné par « l’autonomie », s’est désolidarisé du soutien à la mobilisation… Jusqu’où iront les murs de silence et les lacrymogènes qui les enfument ?

Jusqu’où l’opportunisme politicien ira-t-il, pour défendre ses intérêts locaux rabougris face à des dénonciations de crimes de guerre ?

Il fallait que ce soit dit, pour mettre fin à l’hypocrisie d’une classe politique en déroute, qui laisse faire et détourne les yeux de ce qui se passe à ses portes, qui, par trouille des réfugiés de guerre, qui, par incompréhension crasse de la situation internationale, à force de contempler ses godasses et d’aérer ses drapeaux, qui, par défense de l’Europe, pourtant comptable des noyés et des crimes.

Et cela se manifeste ainsi : les victimes deviennent « terroristes », comme en Turquie. Alors on cogne…

Est-ce aussi la conséquence des accords passés entre Cazeneuve, ministre de la police, et les autorités politiques et policières turques, lors d’un déplacement très récent ?