Cette rencontre fait suite à une première réunion organisée à Malaga fin novembre, où ont participé des militants de différentes organisations politiques d’extrême gauche comme Clase Contra Clase, IZAR, Acción Anticapitalista et le Groupe des Communistes Internationalistes, ainsi que des activistes critiques de la direction de Podemos et Izquierda Unida.

Suite à cette première rencontre, la réunion de Madrid a été convoquée et une commission a élaboré une proposition de programme. Depuis, plusieurs présentations du projet ont été faites dans des villes telles que Barcelone, Almeria, Burgos, Grenade, Malaga, Séville, Vigo et Saragosse. Plus de 200 personnes ont participé à ces réunions qui constituaient une préparation pour la rencontre de Madrid. Cette dernière rencontre était centrale pour avancer dans la construction de cette nouvelle alternative anticapitaliste.

La tribune qui a présidé la rencontre était composée de représentants par ville : Yolanda Lusa de Madrid, Santiago Lupe de Barcelone, Antea Izquierdo de Burgos, Angel Carrique de Séville, Sara Povo de Saragosse et Javier Castillo de Grenade. Tous les six ont coordonné les débats sur le programme, l’organisation et les résolutions politiques pendant une longue journée qui a duré 10 heures, diffusée en direct par streaming.

Un programme anticapitaliste pour offrir une alternative ouvrière et populaire face à la crise

Le premier point à l’ordre du jour était la présentation du premier projet de document programmatique par les trois représentants de la commission d’écriture qui ont ouvert la discussion sur la situation politique et la dynamique de construction de l’initiative dans les mois précédents. La discussion sur le projet de programme a été accompagnée de la présentation de plus de 50 amendements des militants, qui ont été présentés et débattus les uns après les autres.

Les amendements ont été organisés selon les huit parties du texte et, dans un bloc spécial, ceux relatifs aux questions de genre. Cette question, ainsi que celle des revendications démocratiques et celle du mot d’ordre « d’Assemblée Constituante » dans le cadre d’un programme anticapitaliste, ont été parmi les points les plus intensément débattus.

Le débat s’est achevé avec la votation et l’adoption du document politique-programmatique de l’initiative. Un programme qui, dans ses différentes parties, contient une caractérisation de la crise capitaliste et du régime politique post-1978, ainsi qu’un bilan de la gauche réformiste (Podemos et Izquierda Unida) depuis le mouvement des « Indignés » jusqu’aux élections du 20 décembre dernier, pour défendre un système de revendications programmatiques qui offre «  une alternative ouvrière et populaire à la crise capitaliste et du régime politique », reprenant une « stratégie basée sur la mobilisation sociale dirigée par la classe ouvrière ». C’est sur ces bases programmatiques que la rencontre propose de construire un nouveau front politique anticapitaliste, anti patriarcal, internationaliste et de classe.

Un grand pas en avant dans la construction d’un Front Anticapitaliste et de Classe dans tout l’État

La rencontre a ensuite abordé le débat sur la résolution organisationnelle, présentée conjointement par Clase Contra Clase et IZAR, les deux organisations les plus importantes à l’initiative de la rencontre. La résolution, adoptée à l’unanimité, considère qu’en très peu de temps NHTQP a connu des avancées importantes, comme la convergence de « différentes organisations politiques anticapitalistes et révolutionnaires de différentes régions du pays ainsi que de militantes et militants indépendants ».

Cela constitue la base pour « continuer à avancer à travers l’expérience militante en commun et la vérification à travers la pratique quotidienne du programme et les accords politiques atteints ». C’est pour cela que NHTQP « fait un pas en avant en se structurant territorialement pour développer une pratique militante commune dans la lutte de classes et l’intervention politique des organisations et des militants indépendants qui en font partie, créant dans nos villes respectives des comités de NHTQP pour la construction d’un front anticapitaliste et de classe qui devienne une alternative politique face au réformisme et à la crise du régime de 1978  ».

Avec cet objectif, la rencontre a décidé d’appeler à une « troisième rencontre de fondation » pour le mois d’octobre, où l’on adoptera le nom définitif du front. On a également décidé de mettre en place une Coordination au niveau de tout le pays, élue sur une base fédérale, ainsi qu’un système de communication interne et public.

Résolutions politiques

Vers la fin de la rencontre, cette jeune organisation a abordé une série de résolutions, de campagnes politiques et d’interventions dans la lutte de classes qu’elle se propose de mettre en place dès maintenant.

Parmi celles-ci, la résolution sur « l’intervention dans la lutte de classes » considère que «  NHTQP doit devenir un outil puissant pour intervenir dans la lutte de classes. Un front depuis lequel on pourra coordonner notre activité dans le mouvement ouvrier et la jeunesse, avec une activité propre et capable d’offrir des réponses dans la pratique aux tâches des anticapitalistes et révolutionnaires dans cette période ».

Avec cet objectif, la résolution avance une série d’objectifs et de tâches concrètes comme l’agitation du programme de NHTQP parmi les travailleurs, les femmes et la jeunesse, en lutte contre les directions politiques et syndicales réformistes. On a aussi décidé d’une intervention commune dans les « grandes mobilisations et dans les luttes sectorielles du monde du travail, du mouvement étudiant, féministe, etc. », comme par exemple le 1er Mai ou les Manifestations de la Dignité le 28 mai prochain.

Pour approfondir le débat, on organisera des « journées de débat politique ouvert » à Madrid pour « discuter pendant un week-end sur la situation politique et sociale actuelle, de l’économie, de la politique internationale, ainsi que sur les débats théoriques et stratégiques pour les anticapitalistes  ».

Une autre résolution adoptée a été celle à propos d’éventuelles élections anticipées, dans lesquelles on a décidé que NHTQP «  explore les possibilités concrètes d’impulser une candidature unitaire, anticapitaliste et de classe, sur la base du programme voté lors de la deuxième rencontre ».

La question de genre, très présente dans les discussions programmatiques, a également été traduite dans une résolution politique avec l’appel présenté par deux militantes de Pan y Rosas, organisation féministe, pour mettre en place « un grand mouvement de femmes anti patriarcal et anticapitaliste » qui permette «  d’impulser l’organisation, la mobilisation et la lutte des femmes avec la perspective de mettre fin à ce système d’exploitation et poser les bases pour une émancipation complète des femmes  ».

Enfin, lors de cette rencontre on a adopté d’importantes résolutions internationalistes. D’une part, mener une « grande campagne internationaliste contre la guerre, la xénophobie et le racisme », en partant de la dénonciation de l’accord entre l’UE et la Turquie pour l’expulsion des réfugiés et migrants. La résolution exige le respect des droits pour les migrants et les réfugiés, la fermeture des centres de rétention, l’abolition des restrictions de mouvements et totale liberté de mouvement pour toutes les personnes. En même temps, elle dénonce l’ingérence impérialiste en Afrique et au Moyen-Orient et rejette les « méthodes réactionnaires de Daesh », ainsi que «  toute tentative d’instrumentaliser les attentats pour redoubler les mesures répressives et la restriction des libertés démocratiques ».

D’autre part, la rencontre a émis une déclaration de « solidarité avec les peuples en lutte pour leur souveraineté », faisant référence notamment au peuple sahraoui « qui lutte depuis 40 ans pour une solution juste et sur la base du droit à l’autodétermination et à l’indépendance du Sahara Occidental » et à la Palestine, colonisée l’État génocidaire d’Israël.

Il n’y a pas de temps à perdre

Après une journée chargée de débats politiques, qui s’est achevée avec l’Internationale, les plus de 120 personnes présentes qui ont participé à la rencontre sont parties avec la sensation qu’on a « arrêté de perdre notre temps », comme l’a affirmé l’un des participants, et que l’effort pour poser les bases de la construction d’un grand front anticapitaliste et des travailleurs et travailleuses dans l’État Espagnol en valait la peine.