Le mouvement contre la réforme des retraites est marquée par une importante répression, entre violence lors des interpellations, arrestations massives, et agressions lors des gardes à vues. Alors que de nombreux témoignages ont déjà rendu compte de violences sexuelles suite à des fouilles subies par des manifestants en garde à vue, une enquête parue dans Mediapart ce mercredi est venue apporter de nouveaux éléments. Sept nouveaux témoignages font ainsi état de la brutalité des méthodes employées par la police.

Un mineur gardé à vue témoigne ainsi pour Mediapart d’attouchements et d’agressions sexuelles : « le policier m’a mis en caleçon et m’a demandé de passer ma main dans mon caleçon, ce que j’ai fait. Il me demande pourquoi je suis stressé puis passe lui-même sa main dans mon caleçon au niveau des fesses. Il me faisait peur. Moi je suis là, à moitié nu, lui avec son gros uniforme. Je ne pouvais pas faire grand-chose ».

D’autres manifestants expliquent avoir été forcés de se dénuder complètement, avant de subir des remarques humiliantes et sexistes de la part de policiers. « Elles ont fait des remarques sur ma serviette hygiénique… Déjà que ce n’est pas très agréable comme moment, alors les remarques, ça ajoute à la pression » raconte Léa, étudiante en économie de l’environnement.

Et de se souvenir : « j’étais à nu physiquement et mentalement. Quand on est arrivées, on est passées une par une pour la déclaration des droits puis on a toutes été fouillées », témoigne-t-elle. « La première fille a été mise complètement nue. Moi et les autres, on nous a mises en culotte. Une fois en culotte, les policières ont passé un détecteur sur mon corps et entre mes jambes. Elles ne m’ont rien expliqué. Je n’ai pas osé m’opposer. ». Même scénario pour Calliste, 19 ans. « On m’a dit : « Déshabille-toi et ne pose pas de question » raconte le jeune homme.

Dans un rapport publié le 3 mai 2023, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, Dominique Simmonot, alertait sur le « recours massif » aux gardes à vues pendant les manifestations, mais aussi sur les « fouilles systématiques en sous-vêtements ». Une alerte qui n’a pas empêché Gérald Darmanin lors d’une interview sur RMC ce jeudi de déclarer que les mises en garde de la contrôleuse étaient « très insultantes pour les forces de l’ordre », affirmant de plus que « jeter l’opprobre sur les policiers et les gendarmes au moment où ils en prennent plein la tête, ce n’est pas très correct ». Une façon de réaffirmer la ligne répressive du gouvernement et, dans la droite lignée des semaines précédentes, la dénonciation des « violences policières » à du « terrorisme intellectuel ».

Alors que le niveau de répression est allé crescendo ces derniers mois pour faire taire les contestations, la multiplication des gardes à vue, et des violences qui s’y jouent, sont utilisées comme une arme pour faire taire ceux et celles qui continuent de se battre contre une réforme, ainsi qu’un système, dont la police est plus que jamais le bras armé. Face à ces violences, la solidarité doit être la plus large de la part du mouvement ouvrier et social.