Chômage de masse : nouveau record du nombre de chômeurs en 2015

Laissons parler les chiffres : 15 800 demandeurs d’emploi de catégorie A de plus en décembre. Si l’on compte l’ensemble des inscrits à Pôle emploi, ce qui exclue les chômeurs non répertoriés, le nombre de demandeurs d’emploi s’élève à 6 175 300.

Mais le gouvernement n’analyse pas les chiffres de cette manière. Pour Michel Sapin, autant voir le bon côté des choses, qui évoque une « inflexion réelle » pour une année qui est la moins mauvaise depuis 2010. En 2015, près de 90 000 personnes supplémentaires ont rejoint Pôle emploi, mais la hausse se serait ralentie… Dans un communiqué, le ministère du Travail se réjouit même et valorise les 46 000 créations nettes d’emplois enregistrées après plusieurs années de destruction.

« Après la sécurité, l’emploi est la seule question qui vaille », avait lancé François Hollande lors de la présentation de son plan d’urgence le 18 janvier, au Conseil économique social et environnemental. Et en la matière, l’échec demeure patent. Pourtant en 2016, le gouvernement compte persévérer dans cette même politique pro-patronale, avec son nouveau « Plan d’urgence contre le chômage », qui maquille les chiffres du chômage, tout en offrant de nouveaux cadeaux aux patrons, avec la fin annoncée des 35h, moyennant des négociations qui tendront vers 0% de la majoration des heures supplémentaires par des accords d’entreprises.

Précarité en hausse

« L’emploi intérimaire retrouve des couleurs. », affirme Le Figaro. Selon les chiffres de Prism’emploi, sur l’année 2015, et après trois années consécutives de recul, il a progressé de 4,4 %. Décembre aurait même « fini sur une note particulièrement positive, en progrès de 9,4 % ». Ce sont 25.000 emplois qui ont été « créés dans ce secteur l’an dernier ». Tandis que le chômage de masse atteint de nouveaux records, l’emploi intérimaire suit la même trajectoire. Il faudrait s’en réjouir ?

« Il y a eu un peu plus de croissance en 2015. Quand un carnet de commandes frémit, les entreprises commencent par recruter des intérimaires, avant de passer à la création d’emplois durables », affirme François Roux, le délégué général de Prism’emploi. Gouvernement, patronat et médias dominants, tendent à nous expliquer qu’en réalité, c’est un moindre mal, qu’il faut bien passer par là pour avoir ensuite un emploi durable. Mieux vaut un emploi précaire que pas d’emploi du tout ? Ce serait du bon sens, rétorquerait Macron !

Une étude de l’Unedic parue ce vendredi met en lumière l’importance de la « réembauche » dans 69% des embauches en 2012, c’est-à-dire le fait de signer un contrat de travail avec un employeur pour qui on a déjà travaillé, mais pas nécessairement de manière consécutive. Une fois que l’employeur a goûté à la flexibilité, pourquoi y renoncerait-il ? En fait, il s’agit même d’en faire plus. Ainsi la part des CDD dans les embauches a augmenté, passant de 76 % en 2000 à 85 % en 2012.

Ainsi, ces formes de contrats précaires tendent à devenir la norme et à se généraliser. Cadeaux aux patrons, précarité pour tous, le tout sur fond de répression policière et judiciaire lorsque l’on ose défendre les emplois, comme les syndicalistes de Goodyear. « La vie d’entrepreneur est plus dure que celle d’un salarié » disait Macron. Vraiment ?