Mardi dès l’aurore, les grévistes se sont rejoints devant le dépôt de bus de Transdev à Coubron (93), là où ils commencent habituellement leur journée de travail. Mais cette fois, c’est pour entamer leur deuxième jour de grève. Ils sont une centaine avec ceux du site de Chelles à avoir décidé de se mobiliser pour revendiquer 200 € d’augmentation de salaire, une prime d’assiduité de 150 € et de risque de 100 € ainsi que de meilleurs conditions de travail. Aujourd’hui aucun bus n’est en circulation.

« Ca fait 6 ans que je vois mon pouvoir d’achat se dégrader. Deux ans que je ne pars plus en vacances avec mes gamins » explique à notre micro un gréviste à Coubron, en poste depuis 2008 et qui se définit comme un « amoureux du métier ». Et d’ajouter : « Je ne vous cache pas que les fins de mois sont difficiles. On doit même contrôler nos fiches de payes car il y a beaucoup d’erreurs ».

Une situation de précarisation à laquelle il faut ajouter des conditions de travail dégradées. En effet, comme le dénonce une gréviste, chauffeuse de bus depuis 4 ans : « C’est ma première grève. Nos conditions de travail ne sont pas bonnes du tout. Sur certaines lignes il n’y a pas du tout de WC. Les hommes peuvent éventuellement se soulager derrière un arbre, mais pour nous c’est vraiment très compliqué ».

Les tournées des chauffeurs peuvent durer jusqu’à 13 heures de suite, sans la possibilité de prendre de pauses à cause des cadences infernales. Autant dire que dans ces coordonnées, ne pas pouvoir aller aux toilettes relève de l’inhumain et donne une idée de la manière dont la direction de Transdev traite ses employées.

Pour un gréviste, le combat qu’ils mènent avec ses collègues « concerne l’ensemble des travailleurs qui perdent aussi du salaire ». Alors que l’inflation et le pouvoir d’achat demeurent la « priorité numéro un des Français en 2023 » selon une étude de la Banque de France, il y a un enjeu à ce que les directions syndicales s’attellent enfin à construire une lutte nationale pour coordonner tous les foyers de lutte et exiger une augmentation générale des salaires ainsi que leur indexation sur l’inflation.

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