À partir de ce vendredi 1er avril, l’ensemble des actes entourant la réalisation d’une IVG seront pris en charge à 100 % par l’assurance-maladie. Consultations, échographies, analyses sanguines... ne seront plus aux frais des femmes souhaitant avorter, quand jusqu’ici seul l’acte lui-même était remboursé. Une nette avancée, écartant toute considération économique pour l’accès à l’IVG pour les femmes, celles bénéficiant de la Sécurité sociale tout du moins. Une avancée sur le terrain social comme on n’en attendait plus de la part d’un gouvernement PS capable d’attaquer en parallèle et de façon historique les droits des travailleurs avec son projet de loi El Khomri. Hasard de calendrier ?

Si l’on y ajoute les promesses de Marisol Touraine dans sa fameuse loi de modernisation du système de santé, annoncées pour l’été, c’est un véritable bond en avant qui devrait être fait. À nuancer cependant. Si la suppression du délai obligatoire de 7 jours laisse un plus grand libre-arbitre aux femmes, levant la semaine de « réflexion » souvent culpabilisante après la première rencontre avec le médecin, elle prévoit en outre de « renforcer l’offre de proximité » en permettant aux médecins exerçant dans des centres de santé de pratiquer des IVG instrumentales, en plus des IVG médicamenteuses pour lesquelles ils avaient déjà l’autorisation, et permet aux sages-femmes de pratiquer ces dernières. Deux mesures qui, si elles paraissent progressistes de prime abord, vont de pair avec les politiques de restrictions budgétaires, justifiant les fermetures de centres IVG de proximité dédiés en élargissant le nombre de professionnels autorisés à les pratiquer en dehors de ces centres, sans augmenter le nombre de postes bien sûr. Quant à l’accompagnement psychologique des patientes, qui fait bien trop souvent défaut actuellement, c’est le grand absent des discussions actuelles.

Cette levée du frein économique à l’accès à l’IVG ne s’accompagne pour autant pas d’une levée de l’injonction faite aux femmes à avoir des enfants de la part du gouvernement. Entre l’illustration de Hollande dans une interview au magazine Elle, s’affichant à la fois dans les clichés du sexisme ordinaire et de la domination patriarcale, louant les valeurs réactionnaires de la famille traditionnelle, et la création récente du ministère des Droits des femmes, de la famille et de l’enfance, renvoyant carrément les femmes derrière leurs fourneaux, l’obligation sociale de faire des enfants pèse encore lourd sur les épaules des femmes. Et l’IVG reste un acte difficile à accomplir au regard de la société, entre culpabilisation et manque au devoir de procréation.

Une bonne nouvelle, que ce remboursement total des actes liés à l’IVG. À quand un remboursement généralisé de l’ensemble des soins de santé ? On en est loin, dans un système qui fait la part belle aux organismes complémentaires privés, en multipliant les médicaments et actes déremboursés par la Sécurité sociale. Face à un État qui se désengage de ses responsabilités en matière de financement de la santé et de la Sécurité sociale, imposant politiques austéritaires, restrictions budgétaires et privatisations à marche forcée de la santé, c’est un accès aux soins entièrement gratuit, sans avance de frais, qu’il nous faut exiger, accompagné d’un véritable renforcement des structures de proximité.