Alors que Goodyear a toujours expliqué cette fermeture d’usine par la baisse de la demande on sait aujourd’hui que, comme le dénonçaient les ouvriers, elle délocalisait sa production pour en réduire les coûts. A la toute fin de ce long conflit, une séquestration du DRH a eu lieu. Celle-ci est devenue le prétexte pour le procureur pour poursuivre 8 salariés, dont 5 membres de la CGT, impliqués dans la lutte, alors que le DRH et l’entreprise ont abandonnés leurs plaintes.

Le mercredi 25 novembre s’est tenu le jugement de ces 8 prévenus, 8 salariés Goodyear qui sont sur le banc des accusés parce que leurs noms ont été cités par les plaignants… Goodyear et les deux cadres avaient déposé plainte, vraisemblablement en sachant pertinemment que même en la retirant par las suite, ils permettaient à un procureur de poursuivre le procès contre les salariés.

Devant les soutiens, pas très nombreux, venus à l’audience qui a duré plus de 9 heures, les prévenus ont pu expliquer qu’ils n’avaient ni décidé, ni préparé, ni agit dans le sens d’une séquestration. Au contraire, ils ont permis d’éviter que des actions violentes aient lieu dans un contexte tendu et alors que tous les salariés allaient perdre leur travail dans une région hantée par le chômage de masses et par la misère qui en découle.

Une justice de classe au service du patronat

Au final, alors qu’il n’y a aucune preuve, aucun élément concret, le procureur demande 12 mois de prison ferme plus 12 mois de sursis pour les huit salariés. Comme dit la CGT Goodyear elle-même, qui n’est dupe de rien :« Voilà comment sont traités ceux qui se battent pour changer ce monde où le fric domine plus que jamais. ». La décision du procureur est évidemment politique, il s’agit de faire des exemples pour avertir tous les salariés qui oseraient lever la tête et défendre leurs emplois.

Et ce dans un contexte où les chiffres sur la situation actuelle des anciens salariés de Goodyear en dit long sur la réalité de beaucoup de salariés après la fermeture de leurs entreprises. Sur les 1100 salariés licenciés, plus de 750 n’ont toujours pas trouvé de travail. Seuls 70 ont obtenu un CDI, environ 80 ont créé une entreprise, entre 30 et 40 sont en CDD supérieur à 6 mois, une trentaine sont en intérim, 140 sont partis à la retraite et 9 sont décédés.

Le rendu du jugement des huit salariés sera prononcé le 12 janvier prochain. Alors que l’acharnement judiciaire sur les salariés d’Air France est à l’ordre du jour et suscite beaucoup de mécontentement au sein du mouvement ouvrier, il ne faudrait pas oublier des cas plus anciens, comme celui des Goodyear, poursuivis eux-aussi pour faire un exemple. C’est contre tous les licenciements et tous les cas de répression qu’il faudra se battre, tous ensemble.