Ce lundi, le Premier ministre a annoncé le maintien de cet état d’exception pour une durée de dix jours au moins. Au nom du gouvernement, il a refusé toute explication. Il faudrait se contenter du fait que les membres de l’exécutif disent agir « en âme et conscience »… C’est la porte ouverte à tous les abus, selon la LCR.

Pour la LCR, le gouvernement Michel instrumentalise cyniquement le sentiment d’horreur soulevé par les ignobles attentats de DAESH pour imposer un climat politique et médiatique ultra-sécuritaire où toute contestation de sa politique néolibérale injuste est montrée du doigt comme faisant le jeu de l’ennemi.

La décision incohérente de rouvrir les écoles et le métro en dépit du niveau 4 de la menace illustre le cynisme de cette instrumentalisation politique.

Il n’est pas anodin que le lundi 23/11, journée de la grève de 24h en Hainaut contre les mesures antisociales de Michel 1, le ministre Jambon appelait les syndicats à « prendre leurs responsabilités » dans le cadre de la lutte antiterroriste, donc d’arrêter tout ce qui perturbe le climat de plomb actuel. Il n’est pas anodin non plus que Joelle Milquet, du CdH, pourtant considéré comme « opposition de gauche » au gouvernement Michel, lançait elle aussi une attaque contre les syndicats.

Sous prétexte de lutte contre le terrorisme, la droite, NVA en tête, cherche à créer un Etat fort. Elle veut modifier les rapports de forces politiques et sociaux en sa faveur, notamment en poussant le mouvement syndical dans le coin. Elle se sent encouragée du fait que toute l’opposition parlementaire, PS et sp.a en tête, donne son appui de principe à l’unité nationale et au renforcement des organes de répression.

Il est fort à craindre que le gouvernement utilisera le climat actuel pour forcer dans un délai rapproché et sans beaucoup de débat ses projets contre les droits syndicaux, en même temps qu’un nouveau paquet de mesures antisociales.

La LCR félicite le front commun FGTB-CSC du Hainaut, qui n’a pas cédé aux pressions et a maintenu la grève ce 23 novembre. Elle appelle la gauche à sortir du piège sécuritaire. Depuis plus de dix ans, la « guerre contre le terrorisme » ne fait qu’alimenter une escalade de la terreur. Le droit de vivre en paix et dans la sécurité est inséparable d’un tournant radical, à tous les niveaux, vers la justice sociale, l’égalité des droits, la satisfaction des besoins, le partage des richesses et le respect.

Dans les jours et les semaines à venir, nous ne pouvons pas nous contenter de faire des déclarations, nous devons aussi montrer dans la rue, sur l’espace public, que nous continuons ces luttes, que nous n’acceptons pas de laisser nous prendre nos droits et libertés démocratiques, ni par des terroristes, ni par nos gouvernements.

Secrétariat de la LCR, 23 novembre 2015