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Santé publique

La menace Zika, reflet de la précarité sanitaire

Déclarée « urgence de santé publique de portée mondiale » par l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) le 1er février, l'épidémie de la maladie à virus Zika, transmise par la piqûre du moustique-tigre, inquiète de plus en plus. Et pour cause. Si les symptômes attribués initialement à l'atteinte par ce virus étaient ceux d'une infection banale, il semble de plus en plus probable qu'il soit responsable de complications graves. Mais ce qui frappe le plus, c'est la répartition géographique de l'épidémie, dont les cas autochtones sont limités aux pays semi-colonisés d'Amérique du Sud, d'Asie, d'Afrique et du Pacifique. Les conditions d'hygiène des plus précaires maintenues dans ces pays-là par le manque de moyens pour les politiques de santé publique pourraient bien compléter l'explication purement climatique de la multiplication des moustiques. Camilla Ernst

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Aux origines de la menace : Zika

L’explosion médiatique actuelle autour de la maladie à virus Zika, présentée comme la nouvelle menace sanitaire, popularise un virus qui a été identifié en réalité depuis près de 70 ans. Sauf qu’aujourd’hui, l’épidémie menace les intérêts économiques d’un certain nombre de puissances impérialistes quand elle rend incertain l’attrait des touristes aux Jeux Olympiques de Rio cet été, et que le virus tend à se propager dans leur direction.

Le virus a été découvert pour la première fois en 1947 en Ouganda, dans la forêt Zika, chez des singes rhésus, puis il a été mis en évidence chez l’homme cinq ans plus tard. Depuis, il évolue par flambées épidémiques. Les dernières ont eu lieu en 2007 dans des îles du Pacifique, en 2013 en Polynésie française, et actuellement au Brésil depuis 2015. Sa transmission se fait entre humains via le moustique-tigre qui joue le rôle de vecteur. La maladie à virus Zika est donc une maladie vectorielle au même titre que la dengue ou le chikungunya, virus également transmis par le moustique-tigre, ou encore le paludisme, parasite transmis par un moustique d’une autre espèce.

Jusqu’ici, l’épidémie étant limitée aux pays semi-colonisés, peu d’efforts de recherche ont été entrepris sur un possible vaccin ou traitement. Il aura fallu attendre que l’ampleur de l’épidémie actuelle menace de par son extension, et rende plus fréquentes les complications rares liées à l’infection par le virus - qui habituellement se manifeste par une fièvre, une conjonctivite et une éruption cutanée passagères - pour que les autorités sanitaires internationales s’y intéressent. Ainsi, un certain nombre de cas de microcéphalie (réduction du périmètre crânien) chez des nouveaux-nés de femmes infectées durant la grossesse pourraient être reliés à cette infection, de même que des cas de syndrome de Guillain-Barré, une affection neurologique potentiellement sévère.

Virus, climat et précarité

Dans la mesure où il n’existe à l’heure actuelle aucun traitement spécifique de la maladie à virus Zika, la réponse de l’OMS face à l’épidémie se base essentiellement sur de la prévention individuelle, en attendant qu’un vaccin ne soit développé. La stratégie consiste à réduire le nombre de moustiques à la source par des mesures de protection physique (utilisation de répulsifs anti-moustiques, port de vêtements longs, usage de moustiquaires la nuit...) et par des conseils d’entretien des habitations (couvrir ou évacuer les réservoirs d’eaux stagnantes comme les pots de fleurs ou les pneus, ne pas accumuler d’ordures...). En outre, l’OMS conseille également aux autorités sanitaires la pulvérisation massive d’insecticides sur les réservoirs d’eaux stagnantes trop grands pour être simplement recouverts. Quid des effets néfastes de telles pulvérisationssur la santé des habitants ?

Cette logique de réflexion tend à considérer la pullulation des moustiques, et donc des virus et parasites qu’ils transmettent par leurs piqûres, comme résultant uniquement des conditions climatiques favorables des pays du sud, nécessaires certes, mais pas suffisantes. C’est oublier les conditions de précarité qui règnent dans les pays semi-colonisés, ceux-là même auxquels se limite l’épidémie de Zika, mais aussi où se concentrent principalement les cas de dengue, de paludisme, de chikungunya et autres. La stagnation des eaux, les réservoirs d’eaux croupies, lieux de prédilection de la reproduction des moustiques, sont favorisés par l’absence de systèmes efficaces d’évacuation des eaux usées, ainsi que, par endroit, d’accès à l’eau potable, conduisant nécessairement au stockage. Il en est de même pour l’évacuation des déchets. Pour mémoire, on se rappellera que l’épidémie de paludisme a fait rage en France et en Europe jusqu’au 19ème siècle alors que les moustiques surpeuplaient ces régions, avant que ne soient assainis les terrains marécageux par des travaux d’assèchement, d’irrigation et de reboisement.

Ainsi, face à ce problème de santé publique, la solution ne peut se limiter à un effort individuel de prévention. Dans des pays où sont maintenues des conditions de précarité sanitaires inadmissibles, il est nécessaire de mettre en place une véritable politique d’assainissement du territoire et d’accès à l’eau potable pour tous, afin de garantir des conditions d’hygiène et de salubrité pour tous. Pour cela, il faut exiger que soit levé le joug économique des pays impérialistes qui pèse sur les pays semi-colonisés, afin qu’il récupèrent le contrôle sur les finances de leur pays et qu’ils puissent diriger les investissements dans leurs propres intérêts.


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