Mercredi soir vers 18h20, Sefa, lycéen de 16 ans, est pris en chasse en moto puis percuté par une voiture de police. Il décède quelques heures plus tard de ses blessures, se trouvant « en état de mort cérébrale à l’hôpital » d’après l’avocat de sa famille Me Yassine Bouzrou. Nos pensées vont à ses proches et nous apportons tout notre soutien à sa famille.

En l’absence de vidéo, une première version de source policière est déjà massivement répandue et relayée par les médias dominants : le jeune aurait lui-même percuté un véhicule de police pendant qu’un autre, à distance, le poursuivait pour « refus d’obtempérer ». Un récit unilatéral qui, émanant du syndicat Unité SGP Police 78 et relayé par différentes figures réactionnaires, à l’image de Jean Messiha sur X (anciennement Twitter), vise une nouvelle fois à blanchir les policiers en criminalisant la victime.

Mais, sur les réseaux sociaux, différents témoins défendent une toute autre version des faits. Comme l’explique l’avocat Me Bouzrou : « selon plusieurs sources, c’est volontairement que le véhicule de police a percuté le jeune Sefa S. Il ne s’agirait pas d’une prise en charge à distance mais bien d’une course poursuite, proche de la moto ». Une description qui correspond davantage à la réalité des pratiques policières : dans les quartiers populaires, depuis la loi de 2017 notamment, le « refus d’obtempérer » est systématiquement employé par la police pour harceler les jeunes, les traquer, voire les exécuter en toute impunité.

Le cas de Nahel, tué en juin dernier par la police suite à un « refus d’obtempérer » à Nanterre, en est la dernière illustration la plus tragique. Mais c’est dans une longue liste de meurtres policiers sous ce motif que s’inscrit ce niveau drame : depuis début 2022, en comptant Nahel, 15 personnes ont déjà été tuées dans les mêmes circonstances.

Deux mois après le meurtre de Nahel, ce nouveau drame confirme une nouvelle fois le caractère structurellement oppressif et raciste de l’institution policière. Alors que le gouvernement, à grand renfort de répression judiciaire et sociale, n’a pas fini de mater la colère qui s’est exprimée avec les révoltes de juin, le meurtre de Sefa pourrait remettre le feu aux poudres.

C’est pourquoi, dès mercredi soir, un escadron de gendarmes était déployé dans les quartiers d’Élancourt pour prévenir toute forme de contestation. D’après BFMTV, l’unité de police CRS8 se prépare à réprimer la jeunesse d’Élancourt dès ce jeudi soir.

Pendant que la réaction cherche à légitimer cette nouvelle tragédie, alors même qu’un non lieu vient d’être prononcé dans l’affaire Adama, toutes les organisations politiques, syndicales et associatives doivent opposer une réaction immédiate face à ce nouveau meurtre policier. Il faudra également exiger justice et vérité pour toutes les victimes de violences policières, mais aussi la libération et l’amnistie immédiate de tous ceux qui se sont révoltés contre le racisme d’État ainsi que l’abrogation de l’ensemble des lois racistes adoptées par les gouvernement successifs.