Yann Illiers

Au PS, on est loin de s’offusquer de cette extension de l’Etat policier au détriment de la justice. Taubira, dont la loi portera le nom, puisqu’elle est ministre de la justice, défend aux côtés de Manuel Valls ce projet. Dans les rangs des députés socialistes, l’unité derrière le gouvernement semble être de mise, ce qui est pourtant loin d’être le cas avec la réforme constitutionnelle.

Comme pour la mise en place de l’Etat d’urgence, qui avait généré un raz de marée en sa faveur, la réforme du code pénal est largement saluée à droite et à l’extrême droite. Il faut dire qu’elle pioche allégrement dans l’esprit du programme du Front National. Florian Philippot, numéro 2 du Front, a déclaré mercredi sur I télé trouver les mesures prévues par la loi « très intéressantes », tout en soulignant qu’elles lui semblaient encore « trop faibles par rapport à l’enjeu ».

Sur RFI, Eric Woerth, qui fait figure de « sage » des Républicains n’a pas caché son unité avec le gouvernement au sujet du nouveau projet de loi tout en soulignant qu’elles contenaient de nombreuses dispositions portées par les Républicains de longue date.
Sarkozy avait lors de son mandat fait le choix de s’attaquer frontalement aux magistrats, avec le peu de succès que l’on sait. Porté par l’union nationale autour de ses mesures policières, l’exécutif bicéphale Hollande-Valls parvient, pour l’instant encore, à porter des réformes mettant de côté le pouvoir judiciaire, déjà peu indépendant en France, pour lui substituer le pouvoir de police. De la fiction de l’Etat de droit, à l’Etat policier dans toutes ses potentialités, le choix a été fait. Et de tous les côtés ou presque, de l’Assemblée comme du Sénat, on se prépare à applaudir, avec la bienveillance du Conseil d’Etat.