C’est dans un contexte où le président par intérim et le chef de l’état-major Ahmed Gaîd Salah cherchent à réaffirmer leur autorité contre la mobilisation populaire d’une ampleur inédite, organisant des élections présidentielles bidons de la main gauche, matraquant et arrêtant les manifestants de la main droite, que le militant des droits de l’homme Kamal Eddine Fekhar est mort en prison. Il était devenu une des figures qui avait émergé lors des tragiques événements de Ghardaïa, lorsque des affrontements mortels avaient opposé les communautés mozabite et arabe. Le pouvoir avait alors alimenté et instrumentalisé les tensions entre les deux communautés afin de réduire au silence les revendications non seulement démocratiques mais aussi sociales du mouvement berbère, contre la dilapidation des terres au profit des multinationales et oligarques algériens. Il avait ainsi été emprisonné à plusieurs reprises dans le cadre de la répression du mouvement social, puis au terme des manifestations du 31 mars 2019 pendant la mobilisation contre le régime de Bouteflika, au motif « d’atteinte à l’intégrité de l’État ».

Alors que l’autoritarisme du régime va en s’accroissant ces dernières semaines, sa mort bouleverse profondément l’opinion. Ainsi des mobilisations spontanées ont essaimé dans toute l’Algérie, et même en France à Paris sur la Place de la République, où un rassemblement avait lieu mardi soir pour lui rendre hommage. Les revendications sur la reconnaissance de l’identité mozabite que défendait le militant ne sont en effet pas détachées des aspirations démocratiques exprimées par le mouvement populaire, au même titre que la reconnaissance des différentes langues et culture qui composent l’Algérie et qui sont régulièrement la cible de la répression d’Etat.

La répression et les arrestations arbitraires d’un régime autoritaire et corrompu mettent à l’ordre du jour la défense des droits démocratiques. Il est donc plus que nécessaire de s’organiser en conséquence pour faire face au régime et obtenir la libération de tous les prisonniers politiques tel Hadj Guermoul, en employant les moyens de notre camp social : la grève, les manifestations, et l’auto-organisation des travailleurs et de tous les secteurs populaires exploités et opprimés. Ce sont les seuls moyens à même d’en finir avec ce système, et d’aller vers la mise en place d’une assemblée constituante révolutionnaire chargée d’en finir avec les institutions d’un régime pourrissant, et de réaliser les aspirations sociales et démocratiques des masses populaires.