Fer de lance de la mobilisation, la jeunesse sera dans la rue, mercredi prochain, pour protester contre la contre-réforme du code du travail d’El Khomri. Partout en France, dans les grandes agglomérations, des assemblées générales sont organisées sur les universités. Partout, il y a fort à parier que cette mobilisation va gagner des lycées, mettant sur le devant de la scène cette jeunesse qui a fait parler d’elle encore récemment, lors des mobilisations pour la scolarisation et contre les expulsions des lycéens sans-papiers. « Les lycéens, c’est comme le dentifrice : quand ils sont sortis du tube, on ne peut plus les faire rentrer », selon une célèbre formule qui circule parmi les rangs du pouvoir. Et c’est bien la crainte du gouvernement. Le CPE, après mai 68 et Devaquet, est passé par là. Déjà les préparatifs de la mobilisation l’ont poussé à une première reculade. Devant les faits accomplis, il n’hésitera certainement pas, en cas de déferlante sur les lycées, à tout faire pour éviter que ne grossisse le mouvement de la jeunesse, que ce soit par la propagande ou purement et simplement par une répression sauvage, en particulier dans les quartiers, éloignés des centres villes et des caméras. On a vu la manière dont les flics de Valls traitaient les manifestants écologistes et pacifiques, à l’instar de Rémi Fraisse. On ne peut donc qu’anticiper les mesures qui seront prises par la police de Cazeneuve, et le traitement, à peu de frais, qu’elle réservera aux lycéens, de surcroît s’ils sont banlieusards, dans la situation d’exception que procure l’état d’urgence.


Le « grabuge » des blocus


Sortir des salles de classes, aller aux côtés des élèves devant les grilles des lycées, c’est le seul moyen de protéger nos élèves de la répression policière. Le « blocus » d’un lycée répond à un objectif clair : plus le blocus est massif, moins les élèves ont de chance d’être notés absents. Pour ce qui est du « grabuge » des blocus, comme beaucoup de profs ont pu en connaître et certains s’en offusquent dans le corps enseignant, la seule façon de le réduire, c’est précisément d’être en grève. Plus la grève est massive, chez les profs, moins la question des absences est centrale. Plus la grève est massive, moins les tentatives de répression de la part des forces de police ou les provocations peuvent être nombreuses. Pour éviter que les événements ne cèdent à la provocation, pour ne pas donner raison à ceux qui diraient « sois jeune et tais-toi ! » et décrédibiliser l’expression politique de la jeunesse, les professeurs doivent apporter tous leurs soutiens aux élèves mobilisés. En étant sur le terrain, mais aussi en proposant de rejoindre les cortèges, en manifestation. En leur transmettant les outils du mouvement social qui ne s’inventent pas si aucun cadre n’existe.


Une précarité grandissante, qui pourrait devenir la règle si rien n’est fait


Les enseignants ont par ailleurs mille autres raisons de se mettre en mouvement par la grève et dans la rue contre la loi El Khomri. D’abord, parce que les élèves, futurs travailleurs, seront les premiers à pâtir de cette casse du code du Travail et à subir des conditions d’exploitation décuplées. Ensuite, parce que loin de correspondre au discours gouvernemental et de la droite libérale en général du « boulot à vie », « pépère-tranquille » des fonctionnaires, la fonction publique est elle-même touchée par la précarité, avec la multiplication du recours aux contractuels et un Code du travail « classique » qui tend de plus en plus à y être appliqué.

Enfin, parce que, après avoir subi depuis plusieurs années le gel du point d’indice et la dégradation des conditions de travail, les fonctionnaires sont très certainement les prochains sur la liste des contre-réformes gouvernementales. Macron l’a déjà laissé échapper : il n’aime pas les fonctionnaires.

La force sociale du mouvement enseignant, ne pourra que donner plus de vigueur à la mobilisation de la jeunesse, en l’appuyant matériellement et politiquement. Voilà de quoi nous mettre dans la rue mercredi !