Après avoir été renouvelé six fois depuis les attentats de 2015, l’état d’urgence permanent a enfin été aboli... pour être mieux intégré dans le droit commun par la magie de la loi anti-terroriste signée lundi par Macron. Une constitutionnalisation de l’exception qui, loin de nous en faire sortir, en fait paradoxalement la règle.

Assignations à résidence sans motifs, perquisitions administratives des domiciles, mails et téléphones, élargissement des zones de contrôle d’identité... - autant de mesures désormais inscrites dans le droit commun qui ont alerté la Cour européenne des droits de l’homme. Le jour même où cette loi prend effet, Macron se rend donc face aux 45 juges de cette institution pour y défendre son attachement aux « droits fondamentaux », qu’il piétine pourtant sans ménagement.

Dans une simulation hypocrite d’engagement à maintenir un équilibre entre « libertés individuelles et lutte contre le terrorisme », Macron va en réalité vanter les mérites de sa loi anti-terroriste qui rend permanent l’exception. En ce sens, il se fera le digne successeur de Hollande qui affirmait déjà clairement que l’état d’urgence servait à réprimer les mouvements sociaux, comme on a immédiatement pu le constater quelques jours après l’attentat du Bataclan : «  Imaginons qu’il n’y ait pas eu les attentats, on n’aurait pas pu interpeller les zadistes pour les empêcher de venir manifester. Cela a été une facilité apportée par l’état d’urgence, pour d’autres raisons que la lutte contre le terrorisme, pour éviter qu’il y ait des échauffourées ».

Loin de vouloir un « un système de protection des français permanent, respectueux de la convention européenne des droits de l’homme », Macron entend défendre les prérogatives de l’exécutif et les dispositions liberticides qu’il peut mobiliser depuis deux ans pour affermir son bonapartisme d’autant plus répressif que la grogne sociale n’est pas prête de s’arrêter avec la lutte contre les ordonnances visant à détruire le code du travail.

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