Jeudi 17 novembre, les enseignants de Maoré-Mayotte, en grève depuis plusieurs jours, ont défilé dans les rue de la capitale, Mamoudzou.

Que revendiquent-ils ?


Les grévistes exigent la prise en compte de l’ancienneté des carrières des enseignants avant leur intégration dans la fonction publique, soit avant que Mayotte ne devienne officiellement un département et régions d’outre-mer (DROM) en 2011. Ils demandent également la revalorisation du taux d’indexation des salaires, autrement dit : que le salaire soit lié à l’inflation des prix pour maximiser le pouvoir d’achat. En effet, les nombreuses exportations rendent le coût de la vie sur les DROM bien plus important qu’en métropole. Cette revendication est corrélée à la précédente : dans le fonctionnement actuel, la somme d’un salaire s’appuie sur différents critères, notamment sur l’ancienneté des individus. Or si celle-ci n’est pas prise en compte, le salaire touché à Mayotte est largement faussé.

Les enseignants grévistes demandent également une transformation de toutes les écoles du département de Mayotte en REP+, comme cela s’est fait en Guyane, de façon à corriger, au moins partiellement, l’impact sur la réussite scolaire des inégalités sociales et économiques - particulièrement fortes à Mayotte,. Ces revendications soulignent un besoin pressant de changement, qui ne se traduit pas seulement dans l’éducation.

Une accumulation d’inégalités alarmante.


Les Mayottais souffrent d’un manque d’infrastructures élémentaires, allant des cantines à un réseau routier correct, aujourd’hui concentré autour de Mamoudzou ; d’un manque de services publiques ; d’un code du travail et des conventions collectives non appliqués, engendrant un sentiment de « sous-salariés », une situation épinglée par la longue grève générale d’avril 2016 ; ainsi que des comportements néo-coloniaux forts de la part des responsables d’entreprises ou d’administration. En d’autres termes, selon Solidaires Mayotte, « une puissante sensation de déclassement vis-à-vis des fonctionnaires métropolitains ».

En effet, la France exerce un pouvoir sur Mayotte dans le seul but d’exploiter et de contrôler ses richesses, tel un bon colonisateur. En particulier dans la perception des droits de pêche et de passage au niveau du détroit de Mozambique.

Une grève appelée à se poursuivre


La rencontre avec la vice-rectrice et la DASEEN à la suite de la manifestation, jeudi, de 200 enseignants du primaire, n’a rien donnée. La grève et les actions de blocage d’écoles, par conséquent, sont maintenues. Les grévistes ont promis de se retrouver lundi 21 novembre à 7h30 sur le parking du vice rectorat pour faire le bilan de la mobilisation et des actions. Le ministère de la Fonction publique a promis, quant à lui, une rencontre pour le 5 décembre, une autre façon de jouer la montre.