Cela fait un an que Babacar Gueye a été tué par la police à Maurepas, quartier populaire de Rennes. Le 3 décembre 2015, Babacar vient de se réveiller au milieu de la nuit en grande détresse : il crie, il angoisse, il se mutile avec un couteau. L’ami qui l’héberge appelle les pompiers mais c’est la police qui arrive en nombre et armée. Un policier tire cinq balles dans le haut du corps de Babacar. La police des polices a conclu à la légitime défense. La famille a porté plainte mais la procédure est bloquée : aucun juge d’instruction n’a encore été nommé.

Les proches de Babacar interrogent pourtant :pourquoi un appel aux secours a fini par le meurtre de la personne en détresse ? Pourquoi une huitaine de policiers dont quatre d’une brigade anti-criminalité (BAC), entraînés et armés, ont-ils immobilisé une personne qui tenait un couteau de table en lui tirant cinq balles mortelles dans le haut du corps ?

Une marche commémorative partira le samedi 3 décembre prochain à 14h30 du square du Gast à Maurepas, à côté du lieu de sa mort. Elle exigera l’ouverture d’un procès pour obtenir vérité et justice pour Babacar Gueye.

Les personnes présentes rendront hommage à ce jeune homme de 27 ans, investi dans plusieurs associations rennaises comme le centre social Carrefour 18. Il était parti du Sénégal et avait traversé de nombreuses épreuves pour rejoindre sa sœur, travailler ici et aider sa famille là-bas. C’était un homme plein de joie malgré l’angoisse quotidienne depuis trois ans d’être contrôlé et expulsé pour ne pas avoir reçu de titre de séjour. Ces traumatismes nourriront la panique de cette nuit fatale.

Au cours de cette marche, d’autres familles de victimes venues de Paris prendront la parole, ainsi que des collectifs les soutenant, tels que Association Adama, Cases Rebelles, Ferguson In Paris, Urgence Notre Police Assassine, Vies Volées. Cette mort n’est pas un triste fait divers mais un homicide de plus, surdéterminé par la situation de la victime. En effet, une personne par mois est tuée par la police française et presque chacune d’entre elles ressemble un peu ou beaucoup à Babacar Gueye, jeune, homme, noir, dans un quartier populaire, en détresse psychique. Le 3 décembre 2016, les personnes qui aimaient Babacar marcheront en solidarité avec toutes les victimes tuées, mutilées, traumatisées par la violence de notre police nationale. Ensemble elles marcheront pour que cette histoire ne se reproduise plus.