Ce n’est qu’après 36 jours de grève contre la privatisation du système éducatif mexicain, l’incarcération de plusieurs dirigeants du syndicat enseignant de l’Etat de Oaxaca et la répression de Nochixtlán, dimanche, qui a fait au moins huit morts, que le gouvernement mexicain a « ouvert le dialogue » avec les enseignants en lutte.

Le Secrétaire au gouvernement Miguel Ángel Osorio Chong, sorte de Premier ministre de Enrique Peña Nieto, a reçu les représentants des enseignants grévistes mercredi 22 juin, à 17h. L’objectif, selon le gouvernement, était « d’entendre les motivations et les raisons [des enseignants en grève] et avancer dans la construction de solution de façon à permettre le rétablissement du calme dans les régions du pays qui ont été affectées par les mobilisations enseignantes ces derniers temps ». Osorio Chong est fortement discrédité aux yeux de l’opinion publique mexicaine dans la mesure où c’est lui qui était responsable de la prison de haute-sécurité de laquelle avait réussi à s’évader, l’an passé, « El Chapo » Guzmán, le narcotrafiquant le plus recherché sur tout le continent.

Malgré cette volonté affichée de « dialogue », le Secrétariat a indiqué que la « Réforme de l’Éducation » contre laquelle les enseignants se battent depuis 2013 et sont entrés en grève dure ces dernières semaines ne sera pas à l’ordre du jour. Rien n’a été dit non plus par rapport à l’incarcération de plusieurs dirigeants du syndicat des enseignants, la CNTE. Enfin, aucune allusion n’a été faite quant à la responsabilité des forces de sécurité lors de la violente répression de dimanche.

Plusieurs personnalités importantes des mouvements de défense des Droits de l’Homme ont assisté à cette réunion, à commencer par Miguel Álvarez Gándara, du Mouvement pour la Paix avec Justice et Dignité. Aurelio Nuño, titulaire du portefeuille de l’Éducation et proche du président Peña Nieto n’était pas, quant à lui, présent à la table des « négociations » avec les représentants de la CNTE.

Représentés par le dirigeant de la 9ème section de la CNTE, Francisco Bravo, les enseignants ont tenu à ce que la question de la Réforme de l’Éducation soit abordée, de même que la question des syndicalistes incarcérés et des grévistes qui ont été licenciés.

Le gouvernement, pour sa part, continue à nier la responsabilité de la Police Fédérale dans l’assassinat de huit enseignants, dimanche, dans le cadre de leur mobilisation.

Trad. CT