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Des dizaines de corps sans vie retrouvés dans un camion

Migrants. Serial-homicide en Autriche

71. Ce serait le nombre de migrants morts d’asphyxie dans un camion réfrigéré retrouvé dans l’Est de l’Autriche, sur la bande d’arrêt d’urgence d’une nationale. Parmi eux, un bébé de un an et trois enfants en bas âge. Alors que, tous les jours, on annonce de nouveaux naufrages au large de la Sicile, avec 52 migrants trouvés noyés dans la cale d’un navire et plus d’une centaine d’autres disparus en mer, alors que Viktor Orban a ordonné la militarisation de la frontière entre la Hongrie et la Serbie, la macabre découverte, en Autriche, braque à nouveau les projecteurs sur ces crimes en masse contre les migrants.

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Un sentiment d’horreur : à la fois par rapport aux conditions de voyage de ces migrants, qui les ont conduits à la mort, entassés dans le caisson réfrigéré d’un poids-lourd ; par rapport à l’état de décomposition des corps, qui a empêché la police scientifique de déterminer, dans un premier temps, le nombre exact de migrants décédés ; par rapport à ce bâtiment vétérinaire, en direction duquel a été conduit le camion pour que les corps y soient débarqués dans une sorte de chambre froide faisant office de morgue.

Le flux de réfugiés, en provenance, notamment, de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan, mais aussi d’Erythrée, de Somalie, d’Ethiopie et d’Afrique sub-saharienne, ne cesse de croître. Laissant derrière eux la misère, quand ce ne sont pas les guerres et l’horreur au quotidien, les plus chanceux arrivent jusqu’aux points de passage reliant les pays du pourtour européen à l’espace Schengen. C’est donc à quelques kilomètres de nos côtes et de nos frontières que ces crimes se perpétuent. En France-même, pour ce qui est de la liaison Calais-Angleterre, avec une multiplication de jeunes tués cet été en tentant de passer de l’autre côté de la Manche.

Moins connu que les routes entre les côtes nord-africaines et libyennes et l’Italie ou entre la Turquie et la Grèce, le point de contact Balkans-Hongrie-Autriche est devenu un calvaire pour les migrants qui tentent de rejoindre par voie terrestre la zone Schengen. Le gouvernement du conservateur et xénophobe Viktor Orban a, de son côté, annoncé le 26 août qu’il demanderait la possibilité de mobiliser l’armée pour « sécuriser ses frontières contre l’invasion des migrants », tout en promettant le déploiement de 2000 policiers supplémentaires et de plusieurs hélicoptères à partir du 15 septembre le long des 175 km de frontière grillagée de barbelés avec la Serbie.

Présente en Autriche pour assister à un Sommet européen sur les questions migratoires avec ses homologues autrichien et des Balkans de l’Ouest au moment où l’information sur le camion de la mort a été publiée, la chancelière allemande Angela Merkel a déclaré que « l’Europe se [devait] d’affronter le problème le plus rapidement possible et de trouver des solutions dans un esprit de solidarité ». On se souvient de l’esprit de solidarité manifesté par Merkel face à une enfant en larmes sollicitant un prolongement de son permis de séjour en Allemagne. Depuis, elle s’est rendue en Saxe, dans l’Est de l’Allemagne ces derniers jours, pour y tenir des propos contre la montée de la xénophobie et les violences anti-immigrés qu’elle contribue à faire monter. Mais le naturel est vite revenu au galop.

A Vienne, quelques heures après la découverte macabre, Merkel n’a pas manqué, de faire la distinction entre « migrants économiques » et « les légitimes demandeurs d’asile ». Pour les premiers, « tolérance zéro », a déclaré son homologue autrichien, Werner Fayman. Concernant les Albanais, Kosovars, Monténégrins, Bosniaques et Serbes, Fayman a souligné qu’ils « ne sont plus l’objet de persécutions systématiques en raison de leurs idées politiques ou religieuses dans leur pays d’origine. Ils n’ont donc aucune raison d’être demandeurs d’asile ». On comprend mieux le sens de son propos lorsque l’on sait que le parti du « social-démocrate » Faynman, qui gouverne le pays depuis 2008 dans le cadre d’une coalition avec la droite, est à la tête du Burgenland, cette province où a été retrouvé le camion de la mort, avec les nazillons du FPÖ depuis les élections de mai dernier.

La ministre autrichienne de l’Intérieur, Johanna Mikl-Leitner, répète à l’envi depuis la découverte du camion, que « les trafiquants d’êtres humains sont des criminels ». Certes. Il ne s’agit uniquement, cependant, que de l’un des maillons d’une longue chaîne de détresse et de désespoir qui jette des centaines de milliers d’hommes et de femmes sur les routes de la migration et dont les racines se trouvent fondamentalement dans la misère et les guerres auxquels les « pays du Sud » sont condamnés par l’impérialisme.


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