L’indigent logographe n’a en effet pu s’empêcher d’intervenir sur la question, faisant montre – outre sa médiocrité habituelle – de l’ampleur des préjugés sexistes et patriarcaux qui irriguent la société française. Michel Onfray a commencé par « rappeler que cette dame (Sohie Spatz) était une call-girl » : procédé classique visant à neutraliser l’accusation de la victime en la renvoyant à un statut ou des pratiques sociales, censés entacher sa réputation. Une call-girl ne pouvant, dans l’esprit obtus de Michel Onfray, être la victime de violences sexuelles. On sent évidemment sourdre en filigrane l’idée que la victime elle-même « l’aurait bien méritée » du fait de son activité – second procédé classique qui consiste à redoubler la violence subie par la victime qui se voit ainsi transformée en coupable.

Notre philosophe du dimanche s’envole alors et disserte avec prolixité sur le viol et ses modalités ; en effet, « aller dans une boîte à partouzes » – on passera sur la vulgarité – et « passer une nuit à hôtel » ce n’est pas « l’idée  » que Michel Onfray « se fait du viol ». Fort heureusement le voilà pour nous rappeler son « idée  » : une menace sur un parking par un inconnu armé d’un couteau.

Autre procédé qui consiste à caricaturer les formes de violence pour mieux les délégitimer.

Les propos de Michel Onfray font d’ailleurs écho à ceux prononcés par une autre épave de la « philosophie », Luc Ferry . Ce dernier, jamais avare de sa « sagesse », prodiguait le conseil suivant à ses filles : «  Je le dis très clairement, j’ai trois filles. Je leur dis : écoutez, c’est très simple. Si vous voulez éviter les ennuis, ne vous retrouvez pas à poil, dans la salle de bain d’un type après être allé dans un bar à putes et être monté à l’hôtel avec lui. »

Nos « philosophes » français, qui se croient probablement très inspirés, ne sont en réalité que les pâles incarnations du pouvoir patriarcal. Euphémisant, et légitimant, par leurs propos, la violence de l’agression sexuelle, ils entretiennent de fait une culture du viol déjà profondément ancrée dans notre société où les femmes, de victimes, n’en finissent plus d’être érigées en coupables des violences qu’elles subissent.

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